Foxygen

 …and Star Power (Jagjaguwar) // par Lætitia Lacourt
C’est l’histoire d’un ivrogne un soir de Moyen-âge. Il aime tellement l’alcool qu’il jure, même sous la contrainte, qu’il ne boira jamais une goutte d’eau. Jusqu’à cette sombre nuit où il s’empaquète la fraise un peu plus qu’à l’accoutumée, trébuche dans la fontaine du village, boit la tasse et passe l’arme à gauche, noyé. La morale, on la connaît, « il ne faut jamais dire : Fontaine, je ne boirai pas de ton eau ».
Passée trop près de la fontaine Foxygen, je vis désormais d’amour et d’eau fraîche avec « …and Star Power ». Deux ans de résistance acharnée réduits à néant en 82 minutes, 24 titres, 4 parties distinctes et 1 double album. Et même pas une saloperie à dire. 
Une véritable descente dans l’enfer du titre qui boucle puisqu’il aura suffit d’une seule chanson, ironiquement intitulée 666, pour basculer du côté obscur de la force de Foxygen, qui s’éloigne véritablement de l’opus qui a tant fait jasé « Are the 21st Century Anbassadors of Peace & Magic ». Car oui, c’était quand même bien pompé, du moins clairement influencé et l’album dégageait une impression de voyage organisé pour touristes mélomanes au pays du Rock guidé par deux petits jeunes branleurs.   
« …and Star Power » a fait tout autant jasé lorsqu’il est sorti le 14 octobre dernier recueillant un vocabulaire peu élogieux : « Foutraque, délirant, mal produit, indigeste, décevant, demandant une ouverture d’esprit particulière ou nécessitant d’être des excités du cerveau pour en apprécier la diversité ».
N’empêche, l’excitée du cerveau que je suis s’incline totalement sur cet album mal produit et constitué de 24 morceaux indigestes. C’est tout simplement brillant, effectivement très expérimental, blindé de pépites inclassables et non clonées (I don't have anything / The Gate, Cosmic Vibrations,…) copieusement garnie de psyché planant, de balades seventies ou de démos punk. Et c’est au moins ce que l’on pourrait exiger de tout groupe : de ne pas se taper un album avec une enfilade de 10 titres qui se ressemblent tellement tous qu’il n’y en a en fait qu’un seul, bien formaté pour les cases inaudibles des grandes ondes.