Feels like Sonic // Par Buddy Drongo
Feels | Sonic – Lyon | 14 septembre 2016
Il y eut ce cri, lancé entre deux morceaux au beau milieu du concert, symbole parmi les symboles, un manifeste qui ne s'embarrasse point de mots.
Je me demande ce qui peut encore attirer hommes et femmes vers ce rock sempiternellement ressassé et galvaudé. La fraicheur me dit-on dans l'oreillette. Certes. Cependant, la réactualisation n'a t-elle pas ses limites que beaucoup ignorent et que notre coeur ne devrait avoir aucune bonne raison d'occulter ? Faire table rase du passé, voilà ce qu'avaient tenté nos tendres punk de la scène hardcore des années fin soixante-dix, quatre-vingt. Les Garbage men and women débarrassaient L.A. des corps calcinés de ces fumistes de hippies. « A bas l'esbrouffe ! » criaient-ils. Et la bourrasque nihiliste de s'oublier dans l'air sec de sa fraicheur nocturne jusqu'à sa déliquescence totale dans l'avènement du grunge comme nouvelle monnaie unique musicale qui fut ceci dit, comme toute floraison, bien éphémère. Prends ce qu'il y a de meilleur en chaque chose, dans chaque génération et laisse le reste au grand Zig.
C'est là que sous le charme, pour en revenir à l'histoire qui nous intéresse ou peu s'en faut, le public se met à crier en réponse à l'une des guitaristes et lead-singer des Feels, Laena Geronimo aussitôt suivie par ses trois comparses. Surprenant, drôle et touchant, l'acte est libérateur. Par ces pointes de dérisions, cette sensibilité légère et tout sourire, cette volonté de contrecarrer les codes qu'on nous impose et de lutter contre nos travers, nous nous rappelons que ce rock a bel et bien un sens au-delà de tout ce folklore auquel il est réduit et qui nous emprisonne, nous vantant le nirvana à coups d'expédients artificiels et de paradis putassiers et reléguant ainsi la musique et la recherche de l'être véritable à de simples figurations. La seule injonction valable à sortir de vous-même est que si vous sentez votre coeur touché, alors bougez tout ce qui se trouve autour de lui petit à petit jusqu'à ce que tout votre corps ne soit plus qu'une danse contagieuse et généralisée. Et le cri est vraiment une manière efficace de commencer ou d'en finir voire les deux en full stereo.
Nous étions donc sous le charme, écrivais-je. La charge érotique s'était emparée des lieux et la péniche semblait crouler sous les eaux tant la moiteur baignait la foule. Les ondes sensuelles et brutales d'un punk emprunt de doux relents d'acides test, nous chevauchions les vagues élastiques de ces voix et du large spectre émotionnel auquel elles nous conviaient.
« Quelque chose de faussement naïf, d'à la fois simple et profond, il y a chez Feels un féminisme sensible et intelligent, radical dans son ouverture, fondamentalement humain à l'image de leurs chansons et du son qui est le leur. » aux dires de leur producteur Ty Segall dans l'obscur fanzine tasmanien, Divagations. Une pensée toute particulière à The Amps.
H-3 : Sur le pont, leur linge séchait. De petits insectes farceurs avaient en effet envahi la veille en Espagne toutes leurs valises et vêtements. La Costa Brava. La côte des Braves. Fatigue et démangeaisons des dernières semaines passées sur la route n'avaient l'air en rien d'avoir entamé le trésor personnel dans lequel le groupe semblait puiser ce qu'il partageait sur et hors de scène.
Quelque chose d'authentique, quelque chose qui fait du bien. Quelque chose comme la promesse d'une Californie pardonnée, dépouillée de ses vieux rêves surannés. Quelque chose d'inspirant. Quelque chose que l'on nommerait Feels.
Interview à suivre...
Il y eut ce cri, lancé entre deux morceaux au beau milieu du concert, symbole parmi les symboles, un manifeste qui ne s'embarrasse point de mots.
Je me demande ce qui peut encore attirer hommes et femmes vers ce rock sempiternellement ressassé et galvaudé. La fraicheur me dit-on dans l'oreillette. Certes. Cependant, la réactualisation n'a t-elle pas ses limites que beaucoup ignorent et que notre coeur ne devrait avoir aucune bonne raison d'occulter ? Faire table rase du passé, voilà ce qu'avaient tenté nos tendres punk de la scène hardcore des années fin soixante-dix, quatre-vingt. Les Garbage men and women débarrassaient L.A. des corps calcinés de ces fumistes de hippies. « A bas l'esbrouffe ! » criaient-ils. Et la bourrasque nihiliste de s'oublier dans l'air sec de sa fraicheur nocturne jusqu'à sa déliquescence totale dans l'avènement du grunge comme nouvelle monnaie unique musicale qui fut ceci dit, comme toute floraison, bien éphémère. Prends ce qu'il y a de meilleur en chaque chose, dans chaque génération et laisse le reste au grand Zig.
C'est là que sous le charme, pour en revenir à l'histoire qui nous intéresse ou peu s'en faut, le public se met à crier en réponse à l'une des guitaristes et lead-singer des Feels, Laena Geronimo aussitôt suivie par ses trois comparses. Surprenant, drôle et touchant, l'acte est libérateur. Par ces pointes de dérisions, cette sensibilité légère et tout sourire, cette volonté de contrecarrer les codes qu'on nous impose et de lutter contre nos travers, nous nous rappelons que ce rock a bel et bien un sens au-delà de tout ce folklore auquel il est réduit et qui nous emprisonne, nous vantant le nirvana à coups d'expédients artificiels et de paradis putassiers et reléguant ainsi la musique et la recherche de l'être véritable à de simples figurations. La seule injonction valable à sortir de vous-même est que si vous sentez votre coeur touché, alors bougez tout ce qui se trouve autour de lui petit à petit jusqu'à ce que tout votre corps ne soit plus qu'une danse contagieuse et généralisée. Et le cri est vraiment une manière efficace de commencer ou d'en finir voire les deux en full stereo.
Nous étions donc sous le charme, écrivais-je. La charge érotique s'était emparée des lieux et la péniche semblait crouler sous les eaux tant la moiteur baignait la foule. Les ondes sensuelles et brutales d'un punk emprunt de doux relents d'acides test, nous chevauchions les vagues élastiques de ces voix et du large spectre émotionnel auquel elles nous conviaient.
« Quelque chose de faussement naïf, d'à la fois simple et profond, il y a chez Feels un féminisme sensible et intelligent, radical dans son ouverture, fondamentalement humain à l'image de leurs chansons et du son qui est le leur. » aux dires de leur producteur Ty Segall dans l'obscur fanzine tasmanien, Divagations. Une pensée toute particulière à The Amps.
H-3 : Sur le pont, leur linge séchait. De petits insectes farceurs avaient en effet envahi la veille en Espagne toutes leurs valises et vêtements. La Costa Brava. La côte des Braves. Fatigue et démangeaisons des dernières semaines passées sur la route n'avaient l'air en rien d'avoir entamé le trésor personnel dans lequel le groupe semblait puiser ce qu'il partageait sur et hors de scène.
Quelque chose d'authentique, quelque chose qui fait du bien. Quelque chose comme la promesse d'une Californie pardonnée, dépouillée de ses vieux rêves surannés. Quelque chose d'inspirant. Quelque chose que l'on nommerait Feels.
Interview à suivre...