Chronique (2023)
Sur Variable happiness,
Rosali MIDDLEMAN réussit
un véritable tour de force...
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... instrumental.
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXÀ l’heure où Courtney BARNETT annonce un disque instrumental accompagnant le documentaire Anonymous club retraçant sa dépression après la sortie de Tell me how you really feel, une autre chanteuse a décidé de suivre la même direction. À ce qu’on sache, pas d’état dépressif chez Rosali MIDDLEMAN pour autant, et pas de surprise non plus face à ce Variable happiness qui se passe à merveille de la voix pourtant très séduisante de la native de Philadelphie, cette option ayant déjà été retenue avec MONOCOT, son trio expérimental monolithique.
Projet solo au sens littéral du terme, EDSEL AXLE se contente de guitares électriques développant des mélodies à un rythme sénatorial. En jouant sur les textures et les répétitions, ROSALI démontre toute sa versatilité, passant de chanteuse country fatale (on ne s’est toujours pas remis de son magnifique No medium) à disciple de Loren MAZZACANE CONNORS, magnifiant le surplace à travers ces six odes à la contemplation langoureuse.
À ranger quelque part entre le Dead man de Neil YOUNG et la carrière solo de Mick TURNER (DIRTY 3), Variable happiness est un subtil tour de force, prenant l’auditeur par la main pour le balader dans des contrées électriques, mais rarement menaçantes. Et si certains passages pourraient presque sonner comme des ébauches de morceaux pour le successeur de No medium (les beaux accords plaqués de Present moment), l’ensemble n’en demeure pas moins une toile cohérente, dont le minimalisme assumé nous gratifie néanmoins de belles envolées, quitte à parfois frôler la sortie de route, comme sur le final de Come down from the tree now. Après tout, qu’importe : le fossé a l’air accueillant.
Les notes épurées et presque solennelles du statique Her wind horse, portées par un drone discret en fond sonore, impressionnent et tirent la quintessence de sessions d’enregistrement live spontanées où Rosali pose les fondations avec des boucles, rapidement submergées par des parties de guitare qui nous rappellent tout le talent de la dame avec l'instrument, chose trop peu souvent mise en avant. Il faut d’ailleurs souligner l’équilibre, pas gagné d’avance, entre les arpèges fragiles et les guitares lead imposantes. Il aurait été facile de tomber dans la démesure, via un quiet-loud qui serait ici complètement hors propos. Mais, on en est - fort heureusement ! - bien loin. C’est le morceau titre qui tire le mieux son épingle du jeu sur ce plan, tant tout y est douceur et volupté, brouillant sans forcer nos repères temporels.
Oscillant entre cinq et dix minutes, les morceaux de ce disque fonctionnent comme un ensemble presque indissociable, parcourant les chemins de traverse pour nous mener du beau et tordu Some answer jusqu’au bien nommé Singular grace, dans un voyage laissant une large place à l’imaginaire et la rêverie. Ce qui ne manque quand même pas de sel pour un disque sorti par le label Worried Songs.
Refusant de suivre le rythme effréné de notre triste monde moderne, Variable happiness est un disque précieux, offrant une parenthèse enchantée hors du temps, confirmant encore plus tout le bien qu’on pensait déjà de Rosali MIDDLEMAN, qui a décidemment plus d'une corde à son arc. Le vénérable label indé Merge Records ne s'y est pas trompé et publiera son prochain album l'an prochain. Pour fêter cette signature réjouissante, ROSALI s'est fendu d'une délicate reprise du Stuck inside a cloud de George HARRISON.
Vivement la suite !
Éric F.
(19 septembre 2023)XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
EDSEL AXLE. Variable happiness (Worried Songs, 2023)
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Pour prolonger...
EDSEL AXLE : Bandcamp
Ici, ROSALI reprend Gilian WELSH, CAT POWER et Karen DALTON.
Rock' n' ROSALI : Pour over ice / Bones
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Dans nos archives écrites :
Rosali, ROSALI, Oh !, par Éric F. (14/07/2021)
Photographies : Éric F., DR.
Illustration : DR.
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