The Calling (unsigned) - EP // par Nicolas Gougnot
La phase actuelle de la mondialisation se caractérise entre autres par l’émergence d’une culture sinon mondiale du moins aux penchants dominateurs : diffusion, par les nouvelles technologies de l’information, d’expressions souvent passées à la moulinette normative anglo-saxonne que sont certaines habitudes alimentaires (hamburger, soda, pizza,…), films et livres visant un public mondial (Harry Potter, Seigneur des Anneaux ou toute production estampillée Disney), mode vestimentaire, j’en passe, vous avez compris l’idée.
Ce début de XXIème siècle connaît également l’émergence de nouvelles puissances, parfois à prétention mondiale, tirant parti de l’expansion d’un libre-échange sanctuarisé par l’Organisation Mondiale du Commerce. Ce sont les pays émergents, parfois connu sous l’acronyme de BRICS (pour Brésil, Russie, Inde, Chine et South Africa, terme séduisant inventé par un analyste de Goldman Sachs largement entré dans le langage des journalistes et de leurs auditeurs, ce qui tend à conforter Hitler dans sa théorie de la propagande entérinant l’adhésion quasi pavlovienne des populations à des expressions simplistes). Qu’est-ce qu’un pays émergent ? Il s’agit, pour faire vite, d’un pays en développement, souvent nouvellement industrialisé, à la croissance économique rapide et au poids géopolitique subséquemment croissant. Ainsi, outre les cinq pays susnommés, on va trouver par exemple le Qatar, les Emirats Arabes Unis ou le Mexique. Ces pays connaissant également l’émergence d’une classe moyenne maîtrisant plus ou moins la langue anglaise, aux moyens financiers supérieurs à la plus grande partie de la population et aux pratiques culturelles mondialisées au contact des moyens modernes de communication. Les Chinois déferlant sur Paris/Londres/Milan pour dévaliser les boutiques de luxe avant de se lobotomiser davantage à Eurodisney participent de ce phénomène.
L’on est en droit de craindre pour la diversité culturelle : n’est-on pas en train d’assister à l’extinction de masse de cultures locales ? Probablement, et c’est bien triste. En revanche, dans la mesure où le rock, au sens large, est une forme d’expression d’origine anglo-saxonne, son expansion géographique est plutôt une bonne nouvelle pour ses évolutions futures. Il se nourrira inévitablement de références culturelles régionales ; cela sera-t-il sur le modèle des années 1960-70, avec les tentatives d’introduction d’éléments folkloriques (comme Mogollar en Turquie) ? Peut-être, mais cela restera marginal et vraisemblablement anecdotique. Ce métissage est-il vraiment nécessaire ? Quiconque a déjà subi l’écoute d’un disque de ska-punk est légitimement persuadé du contraire. Encore que les membres d’Acid Baby Jesus aient dernièrement intégré avec bonheur les vertus lysergiques des traditions grecques ou que nombre de groupes japonais allient la noise à la transe percussive de leur pays d’origine.
Ouais, et alors ? Et alors, la sortie d’un nouvel effort des Dyna Jets me semble être un bon prétexte pour s’interroger sur cette notion de culture mondiale. Nous avons-là un duo de jeunes garçons originaires du Cap, en Afrique du Sud, proposant un garage souvent agressif et du plus bel effet, leur cinquième production en trois ans, car il faut inclure les trois disques de The Future Primitives dont The Dyna Jets est l’incarnation présente. Quatre titres d’un rock tendu comme un slip au petit matin mais suintant d’une urgence véhémente, narguant sans arrogance les demi-molles du large mainstream mondial. Ces jeunes ont une trique de tous les diables. Nous n’avons pas affaire à des poseurs.
On est loin d’un pastiche grotesque comme les yéyés français ont pu l’être du rock sixties étasunien. A l’image d’un Föllakzoid chilien, il s’agit d’une véritable appropriation d’un mode d’expression qui parle à cette nouvelle génération connectée, voyant s’étaler devant eux les divers aspects de l’histoire culturelle récente pour en proposer une interprétation d’une incroyable radicalité. Cette démonstration pour enfoncer une porte ouverte : la mondialisation favorise l’émergence d’une culture mondiale extrêmement large, beaucoup plus que la définition largement admise que j’ai présentée plus haut, comportant de vastes pans à la fois globalisés et marginaux (combien d’exemplaires de The Calling vont être écoulés ?). Ce phénomène de diffusion d’expression musicale marginale en provenance de pays en développement n’est pas nouveau (Sepultura dans les années 1990), mais il prend actuellement une ampleur inédite, ne se limitant d’ailleurs pas au seul dieu rock’n’roll. Réjouissons-nous d’accueillir de nouveaux convertis au rock’n’roll mondialisé : achetons leurs putains de bons disques !
Ce début de XXIème siècle connaît également l’émergence de nouvelles puissances, parfois à prétention mondiale, tirant parti de l’expansion d’un libre-échange sanctuarisé par l’Organisation Mondiale du Commerce. Ce sont les pays émergents, parfois connu sous l’acronyme de BRICS (pour Brésil, Russie, Inde, Chine et South Africa, terme séduisant inventé par un analyste de Goldman Sachs largement entré dans le langage des journalistes et de leurs auditeurs, ce qui tend à conforter Hitler dans sa théorie de la propagande entérinant l’adhésion quasi pavlovienne des populations à des expressions simplistes). Qu’est-ce qu’un pays émergent ? Il s’agit, pour faire vite, d’un pays en développement, souvent nouvellement industrialisé, à la croissance économique rapide et au poids géopolitique subséquemment croissant. Ainsi, outre les cinq pays susnommés, on va trouver par exemple le Qatar, les Emirats Arabes Unis ou le Mexique. Ces pays connaissant également l’émergence d’une classe moyenne maîtrisant plus ou moins la langue anglaise, aux moyens financiers supérieurs à la plus grande partie de la population et aux pratiques culturelles mondialisées au contact des moyens modernes de communication. Les Chinois déferlant sur Paris/Londres/Milan pour dévaliser les boutiques de luxe avant de se lobotomiser davantage à Eurodisney participent de ce phénomène.
L’on est en droit de craindre pour la diversité culturelle : n’est-on pas en train d’assister à l’extinction de masse de cultures locales ? Probablement, et c’est bien triste. En revanche, dans la mesure où le rock, au sens large, est une forme d’expression d’origine anglo-saxonne, son expansion géographique est plutôt une bonne nouvelle pour ses évolutions futures. Il se nourrira inévitablement de références culturelles régionales ; cela sera-t-il sur le modèle des années 1960-70, avec les tentatives d’introduction d’éléments folkloriques (comme Mogollar en Turquie) ? Peut-être, mais cela restera marginal et vraisemblablement anecdotique. Ce métissage est-il vraiment nécessaire ? Quiconque a déjà subi l’écoute d’un disque de ska-punk est légitimement persuadé du contraire. Encore que les membres d’Acid Baby Jesus aient dernièrement intégré avec bonheur les vertus lysergiques des traditions grecques ou que nombre de groupes japonais allient la noise à la transe percussive de leur pays d’origine.
Ouais, et alors ? Et alors, la sortie d’un nouvel effort des Dyna Jets me semble être un bon prétexte pour s’interroger sur cette notion de culture mondiale. Nous avons-là un duo de jeunes garçons originaires du Cap, en Afrique du Sud, proposant un garage souvent agressif et du plus bel effet, leur cinquième production en trois ans, car il faut inclure les trois disques de The Future Primitives dont The Dyna Jets est l’incarnation présente. Quatre titres d’un rock tendu comme un slip au petit matin mais suintant d’une urgence véhémente, narguant sans arrogance les demi-molles du large mainstream mondial. Ces jeunes ont une trique de tous les diables. Nous n’avons pas affaire à des poseurs.
On est loin d’un pastiche grotesque comme les yéyés français ont pu l’être du rock sixties étasunien. A l’image d’un Föllakzoid chilien, il s’agit d’une véritable appropriation d’un mode d’expression qui parle à cette nouvelle génération connectée, voyant s’étaler devant eux les divers aspects de l’histoire culturelle récente pour en proposer une interprétation d’une incroyable radicalité. Cette démonstration pour enfoncer une porte ouverte : la mondialisation favorise l’émergence d’une culture mondiale extrêmement large, beaucoup plus que la définition largement admise que j’ai présentée plus haut, comportant de vastes pans à la fois globalisés et marginaux (combien d’exemplaires de The Calling vont être écoulés ?). Ce phénomène de diffusion d’expression musicale marginale en provenance de pays en développement n’est pas nouveau (Sepultura dans les années 1990), mais il prend actuellement une ampleur inédite, ne se limitant d’ailleurs pas au seul dieu rock’n’roll. Réjouissons-nous d’accueillir de nouveaux convertis au rock’n’roll mondialisé : achetons leurs putains de bons disques !