The Dyna Jets

She’s Magnetic (Groovie Records, 2015) // par Nicolas Gougnot
Quand j'étais jeune, Saddam Hussein nous donnait régulièrement l'occasion de perfectionner notre géographie du Proche-Orient, Arise de Sepultura me faisait souiller mes draps et je possédais un walkman autoreverse qui avait moins de boutons que moi. Les choses étaient simples. Aujourd'hui, il y a trop de méchants au Proche-Orient pour qu'on y comprenne quelque chose, il m'a fallu vingt kilomètres en bagnole pour me souvenir du nom de ce %$&µ de morceau de Sepultura que j'aimais temps, je me suis enfin mis au vinyle, malgré l'absence d'autoreverse. Et c'est ce dernier point qui me rend nostalgique. Parce que c'est le retour des anciens futurs. Johnny Tex et Warren Fisher are back.
Qui ça ? Johnny Tex et Warren Fisher, mon gars*, respectivement guitariste-chanteur et batteur de feu-The Future Primitives, groupe ayant mis le feu à un certain nombre de platines ces dernières années. Ils nous reviennent dans une nouvelle incarnation, The Dyna Jets. Deux types, un duo guitare-batterie de plus ? J'aurais tendance à affirmer qu'il s'agit du même groupe, tant la musique est proche, l'énergie et le mordant toujours présents, le son de guitare est immédiatement identifiable, de même que le martèlement percussif du titulaire de la place assise. Les influences restent manifestement les mêmes, syncrétisme du rock garage de toutes périodes, de rock'n'roll, le tout passé à la moulinette garage-punk du début de millénaire. On ne change pas vraiment une équipe qui gagne, en somme...
On retrouve donc tous les petits plaisirs qui nous avaient séduits lors de l'irruption météorique de la première incarnation des Sud-Africains. Quant à l'absence de basse, j'en suis le premier surpris, elle ne se fait pas ressentir, le groupe en sort même gagnant, la guitare de Johnny Tex s'avérant plus grasseyante, bien que tout aussi sèche et tendue. C'est d'autant plus vrai à l'écoute du vinyle, évidemment plus riche que le format mp3 qu'il a fallu s'enfiler en attendant de recevoir la précieuse galette d'ébène (je n'ai pas eu droit à la série limitée blanche ...).
Toujours aussi fine, la guitare est pourtant capable d'occuper tout le spectre sonore. Les solos se font plus rares, quelques secondes sur Oooee Baby (reprise de Rick Cartey), ce qui n'est pas pour me déplaire. Un maxi-45, sept morceaux, deux reprises. On n'est pas déçu, malgré la brièveté de l'effort. Les titres de loin les plus longs, Tjing Tjing et Wild Cat, peinent à dépasser les deux minutes, c'est vous dire comme ça avoine. Et c'est bon. Mais il faut se déplacer souvent pour mettre, encore et encore, l'autre face. Putain, l'autoreverse, on est au XXIème siècle, bordel !
*S’il reste à prouver que les lecteurs de la Casbah Chronicle sont majoritairement masculins, rien n’oblige une femme à se sentir blessée dans sa féminité par une telle interjection apriori masculinisante, d’autant que dans la grammaire plurielle, le masculin l’emportant, je m’adresse à un pluriel d’individus dans leur individualité. Celui qui a compris a gagné un bisou.