Disappears

Irreal (Kranky Records, 2014) // par Miguelito Lovelace
Depuis que les new yorkais de Sonic Youth ont mis la clé sous la porte, la place de leader du mouvement noise rock intello ? Reste à prendre. Parmi les postulants, les natifs de Chicago semblent plutôt bien placés avec leur cinquième album sorti en 2014, Irreal.
La filiation avec Sonic Youth n'a rien d'innocent d'ailleurs quand on sait que Steve Shelley (batteur des sus-nommées jeunesses sonores) a aussi fait partie du grand turn over au poste de batteur des Disappears. On reste donc dans un modèle assez éloigné des conceptions traditionnelles du rock n' roll : pas ou peu de mélodies, la structure couplet / refrain balayée d'un revers de main, un rythme binaire mid tempo entonné jusqu'à plus soif.
Vous l'aurez sans doute compris, nous ne sommes pas en présence de rejetons des Ramones avec leurs morceaux de 2 minutes maxi, ici, on prend son temps et on n'a pas peur de faire durer les pistes jusqu'au seuil des 7 minutes, rédhibitoire pour une diffusion sur les radios FM...
Comme souvent dans l'histoire de la musique, tout est un éternel recommencement : là où les suédois de Goat relançaient le psychédélisme, Disappears fait siennes les méthodes des allemands de Faust ou CAN. Un peu comme si Stereolab revenait d'outre-tombe pour remettre à la mode le rock choucroute allemand !
Ce n'est donc en aucun cas, un disque pour taper du pied ou sauter sur la piste de danse, mais il ne faut pas pour autant le mettre de côté si vite : comme une bonne infusion, il faut lui laisser le temps de disperser ses arômes. Même si aucun titre ne semble prendre le dessus, à chaque nouvelle écoute, je deviens de plus en plus conquis ce qui m'amène finalement à mettre une bonne note à ce disque !