DELAY LAMA, retour vers le futur helvétique !

Interview (2024)
                    Notre correspondant Suisse a découvert un groupe de Suisse centrale, DELAY LAMA. Il s'est même entretenu avec les membres de ce trio abrasif.
 

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          À l'occasion d'un de nos défrichages hebdomadaires sur la plateforme musico-helvétique de MX3, nous avons découvert le dernier premier opus des DELAY LAMA, un tout jeune groupe de Suisse centrale. Ni une ni deux, embrassant la mariée, on les a contactés pour une interview, emballé qu'on était par le souvenir de Madeleine. Ah Madeleine !... Mais c'était sans compter sur la tour de Babel, le surbookerisme néo-natal d'hippie (EP en français), la santé des jours pluvieux qui inondent, les aléas de la vie et un chouilla de procrastination sous la couette, il faut bien l'avouer.. si bien que le temps a passé aussi vite qu'à l'accoutumé... Mais qu'importe puisqu'au final, vous pouvez enfin lire le jeu des questions-réponses traduit par nos soins et quelques AI inavouables encore quelques mois...

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E N T R E T I E N     ////     E N T R E T I E N     ////     E N T R E T I E N 
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"Les lamas sont nos animaux préférés"

Une question BABA en préambule... DELAY LAMA : qui, quand, où, pourquoi, comment ? (une minute max pour répondre ! C’est juste pour chauffer les méninges !)

Tout d’abord, nous tenons à te remercier d’avoir pris le temps d’écouter notre musique et de nous accorder une interview. Ça nous fait très plaisir. DELAY LAMA est composé de Roger JAGGI à la guitare, d'Adrian BRENNER à la basse et de Fabian GLOOR à la batterie. Le groupe existe dans cette formation depuis 2021. Tous les membres du groupe sont originaires de la région Berne/Bienne. Pourquoi fait-on de la musique ensemble ? La réponse est aussi simple que la question : parce que nous prenons un plaisir incroyable à créer de la musique et à donner des concerts ensemble. Chacun de nous est un musicien à part entière et nous ne pouvons nous arrêter de faire de la musique. Que nous nous soyons rencontrés dans cette constellation est probablement plus qu’une simple coïncidence !

Une fois n’est pas coutume, on commence par la question qui fâche, qui généralement figure en fin d’interview (de la pure provoque LOL !). Votre groupe s’appelle DELAY LAMA. Est-ce en rapport avec le groupe électro-déjanté de Pise ou avec le plugin du même nom, le « premier instrument VST à offrir à la fois une synthèse vocale et une interface 3D animée en temps réel » ?

Ni l’un ni l’autre. DELAY LAMA dérive d’un autre groupe, avec un autre bassiste. Puis Corona [la bière ?] est arrivé et tout a été différent. Nous avons trouvé le meilleur bassiste du monde en la personne d’Adrian. Et quand vous avez trouvé le meilleur bassiste du monde, vous avez également besoin de trouver le meilleur nom de groupe du monde et le plus drôle, aussi. [rires] Notre son est très heavy-guitar et Roger, notre guitare-héros, aime chasser et poursuivre le signal de la guitare à travers la pédale delay. De plus, les lamas sont nos animaux préférés. Ils sont sympathiques et économes, tout comme nous. Et puis il y a une autre célébrité qui porte un nom similaire. DELAY LAMA, au final, c’est un nom accrocheur : une fois entendu, on ne l’oublie jamais, tout comme notre musique et nos concerts.

Plus sérieusement, vous avez choisi de créer du pur rock psychédélique des 60's-70's, plutôt que du Post-Punk ou du (Post-)Krautrock, du Shoegaze ou de l’Electro-pop, tous très en vogue de nos jours. Pourquoi cette nostalgie musicale ? Pour le son ? Pour l’image qu'elle véhicule ? En adoration pour l’inégalable et inégalé Woodstock ? Pour le « sex, drugs, and rock-and-roll » (Life, 1969) ?

C’est une très très bonne question. Pour être honnête, nous ne savons pas pourquoi nous avons ce son. Encore une fois, c’est probablement une heureuse coïncidence. Notre musique peut, peut-être, être comparée à un smoothie : vous jetez différents ingrédients dans le mixeur et vous voyez alors ce qui en sort. Chacun de nous a un bagage musical différent dont le rock des 60's-70's constitue une grande partie. Chaque membre du groupe a aussi une totale liberté concernant son champ, son instrument. Et le résultat, c’est DELAY LAMA. Appeler cela du rock des années 1960-1970 n’est donc pas tout à fait correct, parce que nous vivons en 2023. Mais bien sûr, nous ne pouvons pas nier nos influences. Nous aimons HENDRIX, LED ZEPPELIN, les DOORS, PINK FLOYD, CREAM et tous les autres. Nous aimons le son de cette époque. C’est pourquoi nous jouons, d’ailleurs, principalement sur du matériel vintage et nous attachons une grande importance à la reproduction de ce son. Mais nous essayons aussi d’incorporer du funk et du jazz, en particulier dans nos improvisations.
 

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"Nous invitons les auditeurs à échapper un instant à la réalité"

Lorsque j’ai découvert votre EP, A little taste, sur MX3, mi-septembre, j’ai de suite accroché non seulement par la qualité des morceaux (on y reviendra), mais également parce qu’ils faisaient écho à ma culture musicale de prédilection. Par exemple, à l’écoute de A little taste of mine, les réminiscences de Hey Joe (1967) du JIMI HENDRIX EXPERIENCE, puis de l’album Echoes (1971, plus encore la version dans le Live at Pompei de 1972) de PINK FLOYD, sont tour à tour apparues. Pour Forgiveness, c’était immédiatement le riff de Whole lotta love (1969) de LED ZEPPELIN. Quelles sont vos véritables sources d’inspiration, musicales ou autres ? Notons au passage que sur votre compte Facebook, vous souhaitez un joyeux anniversaire à Sir JAGGER, en lui clamant votre amour, c’est déjà une piste !

Nous sommes très heureux que notre musique te plaise. Comme déjà dit, ces groupes et musiciens font partie intégrante de nos sources d’inspiration. Nous avons grandi – probablement aussi grâce à nos parents – avec cette musique. Peut-être qu’au final elle est passée dans notre ADN musical à force de l’écouter, tout autant que lors de notre apprentissage des instruments. Bien sûr, nous sommes flattés d’une telle comparaison, mais nous ne voulons pas être étiquetés en tant que copie de ces grands groupes. Nous sommes DELAY LAMA et sur cet album nous sonnons comme un groupe de rock vintage. Peut-être que sur le prochain album, on jouera de l’électro-pop ou même du shoegaze ! [rires] Et Sir JAGGER est tout simplement l’homme le plus sexy du monde, du moins parmi les octogénaires. En tout cas, nous espérons que lorsque nous atteindrons nous aussi l’âge de 80 ans, nous serons encore sur scène avec la même fraîcheur, la même vitalité !

Lorsqu’on s’attache à vos paroles, elles parlent toutes (ou presque) « de planer », « d’aller haut ». Doit-on en conclure que vous vivez pleinement le rock psychédélique et ses addictions ou est-ce juste une image ?

Avec notre musique, nous invitons les auditeurs à échapper un instant à la réalité et à s’abandonner pleinement aux sons et aux rythmes. Plus encore, pour nous, l’interaction musicale, les uns avec les autres, est comme un voyage dans une autre sphère. Que nous utilisions des drogues pour ce faire, nous laissons libre cours à votre imagination. Nous sommes bien conscients cependant du potentiel danger d’addiction qu’offre notre musique. Mais contrairement aux drogues, elle est inoffensive pour la santé et bien moins cher !

Il y est également tout à la fois question de rédemption personnelle et de volonté d’aider son prochain en prenant le temps de l’écouter pour sortir de ce monde de merde dans lequel nous vivons actuellement, ou pardonner pour mieux vivre ensemble, plus librement, « avec moins de soucis ». Est-ce déjà l’expérience de l’âge qui parle ? Voyez-vous une lueur d’espoir pour les nouvelles générations réchauffées climatiquement avant l’extinction des feux ?

Bien entendu, nous souhaitons un monde dans lequel les gens vivent en paix les uns avec les autres et en harmonie avec la nature. Mais au vu de la situation mondiale actuelle, force est de constater, malheureusement, que nous en sommes loin. Avec ces textes, nous avons voulu dire que la paix et l’acceptation mutuelle commencent par le traitement respectueux et empreint d’amour que l’on offre à son prochain et à la nature. Si par “ nouvelle génération ”, tu entends “ la jeunesse climatique”, alors oui, nous avons beaucoup d’espoir que, grâce à la nouvelle prise de conscience de cette jeune génération, le monde avancera dans la bonne direction. Malheureusement, le temps manque. Il est presque déjà trop tard.
 

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"Il y a de très bons groupes en Suisse"

Dans The witch’s child, vous parlez d’un « bébé qui groove toute la journée ». On peut interpréter ce « bébé » de différentes manières. Quelle est la bonne selon vous ?

Nous serions très intéressés d’entendre ton interprétation de ce “bébé qui groove”. Le vrai sens, pour nous, est en fait assez simple : Fabian et Roger jouaient ensemble dans le groupe BLACK WATER WITCH. L’enfant de la Sorcière, c’est nous, DELAY LAMA. Ce bébé qui groove toute la journée, c’est nous au tout début de ce groupe, répétant deux fois ou plus par semaine.

Pour en revenir à la production. Les six morceaux de votre EP sont très léchés, propres, aboutis. Qui les a produits ?

Merci pour le compliment. Nous le transmettrons volontiers à Sirup GAGAWIL, notre ingénieur du son. Nous avons enregistré ces six chansons dans son studio douillet, à Bienne. Nous nous y sommes barricadés deux jours de suite et nous nous sommes entièrement livrés à la magie de la musique et de la nature. Nous n’avions pas de véritable producteur, en fait. Nous avons enregistré toutes les chansons en live.

Vous faites pas mal de concerts sur la région de Biel/Bienne. Le Barbarie (l’Alternative music festival de Bienne), pour qui vous avez joué en juillet dernier, parle de vous en disant « Une nouvelle étoile se lève dans le ciel rocheux de la Suisse. Lorsque DELAY LAMA le premier nous a envoyé 3 chansons, il était clair qu’elles correspondaient à la barbarie, en fait. La force nonchalante et la saleté qui s’en dégagent sont rarement présentes parmi les groupes locaux » (traduction Google fidèle à l’original, si jamais pour notre éditeur en chef adoré qui va dire que c’est pas français ! Ben c’est le français romand de Bienne). Votre son est-il réellement plus « sale » en live ?

Nous essayons tous de nous doucher régulièrement, aussi, on a un peu été surpris en lisant cette description sur le website du Barbarie Festival. Ce concert a été notre plus important jusqu’à présent. Les organisateurs nous ont offert cette chance et ce, même s’ils ne connaissaient que deux de nos chansons. Aussi, un grand merci à toute l’équipe de la Barbarie de Bienne. Merci pour leur confiance et pour avoir eu le courage d’engager un groupe anonyme dans un évènement aussi prestigieux. En fait, notre son en live est très brut et très fort. Lorsque nous jouons en concert, nous donnons toujours tout et nous essayons de déployer notre énergie vers le public, de toutes nos forces. Alors, quand le public danse et passe un bon moment, c’est le meilleur compliment pour nous, en tant que musiciens.

La scène rock biennoise, tout autant que la scène rocheuse helvétique dans son ensemble, sont très dynamiques actuellement. Quelle(s) relation(s) entretenez-vous avec elles ? On pense en particulier au DIRTY SOUND MAGNET de Fribourg, aux The JACKETS de Berne ou au HARVEY RUSHMORE & THE OCTOPUS de la Bâle citadine.

Il y a de très bons groupes en Suisse. DIRTY SOUND MAGNET est probablement l’un des meilleurs groupes de la planète à l’heure actuelle [GTO : on confirme !]. Nous ne les connaissons pas personnellement, mais nous allons régulièrement à leurs concerts et nous les adorons. Ces gars-là ont mis tous leurs œufs dans le panier musical, créant et répétant ensemble tous les jours, jouant partout dans le monde. C’est vraiment un super groupe et nous les admirons beaucoup. Mais il y a aussi d’autres groupes que nous apprécions beaucoup, comme les VELVET TWO STRIPES, les BASEMENT SAINTS, HARVEY RUSHMORE & THE OCTOPUS, PUTS MARIE, ainsi que Domi CHANSORN et Evelyn TROUBLE. Malheureusement, nous n’avons pas encore de contact personnel avec ces groupes et musiciens. Ce serait bien si cela changeait bientôt.
 

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"Le vinyle, c’est génial !
On peut l’enterrer dans le jardin
et après 20 ans, on peut toujours l’écouter"

Vous débutez avec ce groupe, mais comment percevez-vous la réception à l’étranger de la musique suisse ? Le monde musical et une bonne partie du public, pour l’essentiel, se sont arrêtés à Stephan EICHER, DOUBLE, voire les YOUNG GODS pour les plus curieux, alors qu’aujourd’hui plus que jamais, les musiques actuelles helvètes explosent littéralement en quantité, tout autant qu’en qualité. Comment envisagez-vous l’accueil de votre musique hors de votre Chère Confédération ?

Nous n’en avons aucune idée. Bien sûr, c’est un de nos rêves en tant que groupe de parcourir le monde avec notre musique et de donner des concerts dans pleins d’endroits différents. Nous sommes convaincus que les groupes de ce pays n’ont pas à se cacher et peuvent facilement suivre les meilleurs artistes internationaux. Il y a tellement de grands groupes rien qu’à Berne et à Bienne, et les écoles de musique en Suisse font un excellent travail.

Quelle importance accordez-vous aux réseaux sociaux et au sites de streaming dans ce contexte ?

Le marché s’oriente vers le streaming et les réseaux sociaux, nous en sommes conscients et nous ne pouvons pas y échapper. Soyons honnêtes : le streaming a révolutionné toute l’industrie musicale, et pas vraiment pour le mieux. Car aujourd’hui, en tant qu’artiste, il faut réfléchir à deux fois avant d’investir et produire un album pour ensuite se lancer dans l’univers musical pratiquement gratuitement, tout en remplissant les poches d’une plus grande entreprise au passage. Bien entendu, les plateformes de streaming présentent également des avantages. Dans le passé, il était impossible de sortir un album sans passer par une maison de disques. Grâce au streaming, même des nouveaux venus comme DELAY LAMA ont la chance de distribuer leur musique à l’échelle mondiale. Mais c’est aussi précisément à cause du streaming et du format numérique de la distribution musicale que nous avons décidé de sortir également notre album en vinyle. Que ce soit par nostalgie ou parce que nous pensons simplement que ce soit cool. Peu importe. Nous avons fait presser 200 exemplaires que nous vendons lors de nos concerts. Nous pensons que c’est bien de pouvoir remettre quelque chose de physique entre les mains de nos fans, un album qui durera pour l’éternité et pourra être transmis à leurs petits-enfants. Le vinyle, c’est génial ! On peut l’enterrer dans le jardin et après 20 ans, on peut toujours l’écouter. Essayez cela avec un CD. C’est l’échec garanti !

Ici approche la fin de cette interview. Aussi quelle est la prévision pour la suite, notamment en 2024 ? Une tournée ? Un LP ? Des vidéo-clips ? La retraite anticipée ? L’hibernage fondue-raclette pour reprendre des forces avant la prochaine saison (f)estivale ?

Depuis notre sortie, nous tournons constamment. À tel point que nous n’avons presque pas trouvé le temps de répondre à cette interview. Désolé, mais la vie en tournée est sacrément dure. [rires] Pour l’avenir, nous aimerions jouer des concerts à Montreux, à Mühle Hunziken, au Z7 de Pratteln et encore à plein d’autres endroits. Bien sûr, ce serait aussi génial de jouer avec Beth HARD, Britney SPEARS ou LADY GAGA au Royal Albert Hall ! [rires]

Avez-vous quelque chose à ajouter ?

Merci beaucoup pour cette superbe interview. On serait très heureux de pouvoir bientôt jouer en concert dans la belle Suisse Romande. Et on se réjouit de t’accueillir à l’un de nos concerts.

Merci pour vos réponses et bonne continuation pour la suite. On vous écoutera toujours avec plaisir et on espère vous découvrir prochainement sur scène du côté de Genève si Calvin ne se retourne pas trop brusquement dans sa tombe à cette idée...

On a hâte de jouer à Genève. Que Calvin tourne dans sa tombe ou secoue ses os n’a pas vraiment d'importance pour nous.


 

Article et propos recueillis par GROTOTORO

(09 janvier 2024)

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DELAY LAMA. A little taste - EP (2023)
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Pour prolonger...

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Photographies : DR ; (c) MX3
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