Démos de minuit // The RUBINOOS

La discothèque idéale (1993) // Trésor caché #005
          Les albums des RUBINOOS font partie des choses qu’on n’ose à peine aimer : mélodies diablement pop, jolies guitares et voix d’anges. Trop aimables peut-être, pour ne pas être oubliées au grenier ou à la cave. Mais dans l’ombre, les treize chansons d’un troisième album avorté brillent par leur candeur et leur modeste perfection.

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

          Autrefois backing band de Jonathan RICHMAN, première partie d’Elvis COSTELLO, acoquinés le temps d’un EP avec le magicien Todd RUNDGREN, et auteurs d’un tube nerdique sur la BO de Revenge of the nerds, les RUBINOOS ne sont pas tout à fait des anonymes de l’histoire de la pop. Ils incarnent après BADFINGER et les RASPERRIES, le versant le plus harmonieux de la power-pop qui trouvera écho dans les 90’s, chez les POSIES, JELLYFISH et autres FOUNTAINS OF WAYNE.
 
rubinoosband2_500.jpg

 
Carton plein

Ce qui fait la particularité de groupe californien mené par Jon RUBIN et Tommy DUNBAR, c’est un sens aigu de la nostalgie. Celle qui sous ces allures joyeuses, vous ramène avec une pointe de mélancolie, à l’âge d’or de la pop. Le premier hit des RUBINOOS, I think we’re alone now, est une reprise de Tommy JAMES & The SHONDELLS, enregistrée en 1977, dix ans après l’original. En 1980, au moment de mettre en boite leur troisième disque, RUBIN et DUNBAR sont passés maîtres dans l’art d’écrire leurs propres bombinettes bubblegum, teintées de Doo-wop et de mélodies ensoleillées. Mais le succès du récent single I wanna be your boyfriend, tiré de l’album précédent - et plagié trente ans plus tard par Avril LAVIGNE - ne suffit pas à compenser la faillite de leur distributeur. Sans le sou, sans contrat de distribution, les RUBINOOS ne peuvent terminer le travail de production et abandonnent les bandes dans un carton.
 
rubinoos_cd_500.jpg
rubinoos_cd_500.jpg, by Bingo

Power-pop corn

Cet échec se transforme en réussite lorsque les bandes ressortent en 1993. L’absence de production permet à ces treize titres de ne pas être marqués par l’époque de leur enregistrement. Dans leur plus simple appareil, elles ne s’embarrassent d’aucun arrangement superflu. Deux guitares, une basse, une batterie et des harmonies vocales évidentes : l’essence des Rubinoos est là, dans ces hymnes joyeux de rupture (Hurts too much, Hit the nerve, I don’t wanna break up…) et ces appels régressifs à une enfance perdue (Mothers always know, Saturday morning cartoons). Bande-son parfaite d’un remake de La Boum localisé à Berkeley, California, Basement tapes nous rappelle que les plaisirs coupables sont souvent des trésors que l’on voudrait égoïstement cacher.
 

Paul MÉGLOT

(04 mars 2022)

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
rubinoos_cover_500.jpg
rubinoos_cover_500.jpg, by Bingo
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
The RUBINOOS. Basement tapes (One Way Records, 1993)
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

À écouter de toute urgence, en prenant le temps :
The RUBINOOS. Rubinoos (Beserkley, 1977)
                         Back to the drawing board (Beserkley, 1979)
                         Basement tapes (One Way Records, 1993)
                         Paleohonic (Thunderbird, 1998)


Pour prolonger...

The RASPBERRIES. Fresh (Capitol Records, 1972)
BADFINGER. Straight up (Apple Records, 1971)
POSIES. Frosting on the beater (DGC, 1993)
JELLYFISH. Spit milk (Charisma, 1993)
FOUNTAINS OF WAYNE. Fountains Of Wayne (Atlantic, 1996)

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

rubinoos_group_500.jpg
rubinoos_group_500.jpg, by Bingo
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
Photographies : DR et Paul Méglot
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX