The Come N’ Go

Tumbling Heights (Voodoo Rhythm Records 2016) // Par Duck Lover
Attendu comme le messie, l’extraordinaire 4ème album des Come N’ Go est sorti il y a peu sur Voodoo Rhythm Records. On le savait. On avait juste besoin d’être rassuré. "Tumbling Heights", les hauteurs tourmentées. Le malaise extraordinaire, le bonheur exigu du dernier vrai rock’n’roll … Une pochette exhibant le Grand Schtroumpf retourné, se cassant la gueule, un disque de deux faces sans pause, une véritable claque de bonne violence et de parfums hallucinatoires. De fruits défendus et de plats du terroir. Non content d’être le groupe le plus bonnard que j’ai jamais rencontré, il reste les plus flous, les plus créatifs, les moins pieux, sans peur et sans reproches, ils font ce qu’ils veulent sur scène, en studio et à la maison depuis plus de dix ans. Entre crasse de vieux frères et accolades d’amis. Entre Bienne, Neuchatel, Zurich, Berne et Bucarest, ils se retrouvent de temps en temps … et c’est comme une fête. Pour eux-mêmes, et pour ceux qui savent. Toi même tu sais. 
 
Toujours là comme des Rolling Stones souriants, sans les bajoues qui bandent, alignant dans une maison de montage des titres aux noms mystérieux, toujours reliés à un instant de leur session, ce disque est pour moi leur meilleur. L’eau un peu croupissante a coulé sous les ponts, les délires sont de plus en plus nombreux. Chaudes nappes de Theremine, harmonica dans l’écho à bande, mega compression de la voix de mon crooner adoré, guitare rythmique de l’éternel jeune voyou et reverb hantée, leur disque se boit comme un petit verre de lait, de Moloko + … Deux faces qui s’étalent parfaitement sans interruption. Et pour ceux que Marina avait déjà fait chavirer avec sa frappe crustacée de danseuse aquatique, qu’en sera-t-il de vous quand vous l’entendrez chanter sur ce disque ? Sa voix vient compléter le tableau. Le cadre. La trame d’une histoire sincère et véritable. Comme une surprise, comme un cadeau. On connaissait leur groove, leur décontraction et on connaissait beaucoup de leurs travers, mais ce disque, plutôt que celui de la maturité est celui du retour en enfance. Des ballades, des vrais trips sous clavier anciens. Une enfance où tout le monde fait n’importe quoi car c’est encore permis. Prise de son nickel par un vieux copain, mixé (et ça se sent) par le frère cadet des Roy & the Devil’s Motorcycle, on sent l’influence de leurs aînés, leurs mentors, et aussi les traces laissées par Sonic Boom, profondes, dans leur constitution solide. L’apport de leur nouveau guitariste est indubitable; on sent la structure dans le chaos. On le remercie pour ça. 
 
Alors je le redis, c’est le plus chouette groupe que j’ai jamais rencontré. Leur discographie marque vraiment l’histoire du Rock’n’Roll en Suisse. Jetez vous sur "Tumbling Heights", filez vous procurez leur premier, leur deuxième, leur troisième disque. Mais surtout allez boire une verre avec eux, ils ont le sens de l’hospitalité.