On discute de la genèse du festival avec Alexandre Breton (directeur artistique)
En quelques mots, City Sounds, c'est quoi le concept ?
City Sounds est un festival annuel qui, à chaque édition, met à l'honneur une ville-rock internationale. Ce festival est né de l'idée qu'il y a des capitales du rock, avec leur(s) histoire(s), leurs formations cardinales, leurs sons que nous voulions aller dénicher. On ne défend pas l'idée d'une identité à proprement parler, mais d'une humeur, d'une spécificité, liée à un environnement, un contexte qui est aussi bien musicale que social, politique, économique, géographique. On ne fait du rock de la même manière, et pour les mêmes raisons à Détroit ou à Hambourg, ou Tunis, même si le langage, les codes sont à peu près les mêmes. Nous avions envie de dresser d'édition en édition, une sorte de cartographie de ce que nous appelons immodestement l'Internationale du rock, faire entendre cette énergie propre à ces capitales du rock de Toronto à Auckland, en passant par cent villes... On aime l'idée d'un Polaroid sonore qui rend compte sur une édition d'une idée du rock dans ces villes, car ce sont évidemment des choix subjectifs, et assumés comme tels, qui guident la sélection des groupes. On pourrait ainsi revenir sur une ville déjà mise à l'honneur, pourquoi pas? Tout cela est mouvant.
Peux-tu nous raconter la genèse du projet en 2013 ? Pourquoi San Francisco ?
San Francisco, c'est le point de départ, le commencement. C'est la ville où je dois me rendre pour un documentaire pour France Culture, où je travaille, et alors que je travaille sur différentes problématiques touchant la ville, je tombe accidentellement sur un artiste, Ty Segall. Et là, c'est un coup de foudre absolu. On est en 2012, et Ty a déjà publié pas mal d'albums, d'EP, dans un style garage, où on entend aussi l'influence du glam, de T.Rex et Bowie, mais aussi un talent époustouflant, une présence, une intensité, qui m'ont littéralement bouleversé. De Ty Segall, je suis passé aux Thee Oh Sees, aux groupes de Castle Face records : Bare Wires, Mikal Cronin, puis White Fence, mais aussi The Mantles, Royal Baths, Sonny Smith, Kelley Stoltz, Grass Widow, Sic Alps, etc... C'était éblouissant, tous ces groupes aussi forts, qui offraient une autre version de ce que la ville a historiquement enfantée : le SF sound, le punk, les Flamin' Groovies, Jefferson Airplane, Chrome ou les Dead Kennedys. Ces groupes assuraient la relève, surtout les Oh Sees et Ty, avec aussi White Fence et les Blasted Canyons. L'idée germe alors rapidement de lancer une grosse tournée en France de ses groupes, on en avit listé une dizaine. On est trois à l'époque, Olivia Rivet, qui est plasticienne et vient de l'administration du festival Jazz à Porquerolles, Sandrine Clauzure, mon épouse, qui est psychanalyste, et moi, qui suis enseignant de Philosophie et bosse occasionnellement pour Radio France. La rencontre avec Jérôme Busuttil, ancien des TV Killers et tourneur français actuel de Ty Segall et des Oh Sees, mais aussi des futurs Warm Soda sera salutaire et décisive. C'était un après-midi, juste avant un concert de Radio Moscow au Point Ephémère, et en l'espace d'une demi-heure, c'était banco! C'est avec lui que l'idée se précise en un festival. Après, les choses s'enchaînent. On monte une association, on a le feu vert du Centquatre qui accueillera la première édition avec un soutien généreux, et on part à la recherche des financements. Une autre rencontre compte énormément : Philippe Manoeuvre, soutien d'un enthousiasme et d'une générosité proprement incroyables... Là, le festival devient City Sounds, et il est clair qu'il sera récurrent, qu'après San Francisco, ce sera le tour d'autres capitales rock. Aujourd'hui, l'équipe initiale a changé, mais Jérôme Busuttil et moi en demeurons le noyau. Avec le génial Elzo Durt qui assure l'identité graphique du festival.
Cette année, le festival se consacre à New York, pourquoi encore une ville américaine ?
On ne pouvait pas quitter le sol américain, sans en passer par une dernière ville, quitte à y revenir plus tard... On a essayé de monter en 2014 une édition centrée sur Melbourne, qui a mal tourné à cause d'un gros partenaire qui a fait faux-bond in extremis. Donc, il fallait relancer la machine, et, alors que La Cigale nous ouvrait les bras, New York s'est imposée, avec ses myriades de groupes déments qui font trembler les murs des clubs de Brooklyn, où tout se joue en ce moment : Cerebral Ballzy, Savants, Endless Boogie, DIIV, Pampers, Cold Cave, les Obits... Et puis ces groupes qui sont à l'affiche de City Sounds 2015 : les hallucinants Beech Creeps, les géniaux Mystery Lights, mais aussi White Hills, duo psych-glam, les Seigneurs The Men... Nous avions envie d'avoir, pour cette édition deux figures tutélaires, et ce furent Thurston Moore - même s'il vit à présent à Londres - et Heavy Trash, le side-project de Jon Spencer avec Matt Verta-Ray des Speedball Baby. Une affiche de rêve!
City Sounds est un festival annuel qui, à chaque édition, met à l'honneur une ville-rock internationale. Ce festival est né de l'idée qu'il y a des capitales du rock, avec leur(s) histoire(s), leurs formations cardinales, leurs sons que nous voulions aller dénicher. On ne défend pas l'idée d'une identité à proprement parler, mais d'une humeur, d'une spécificité, liée à un environnement, un contexte qui est aussi bien musicale que social, politique, économique, géographique. On ne fait du rock de la même manière, et pour les mêmes raisons à Détroit ou à Hambourg, ou Tunis, même si le langage, les codes sont à peu près les mêmes. Nous avions envie de dresser d'édition en édition, une sorte de cartographie de ce que nous appelons immodestement l'Internationale du rock, faire entendre cette énergie propre à ces capitales du rock de Toronto à Auckland, en passant par cent villes... On aime l'idée d'un Polaroid sonore qui rend compte sur une édition d'une idée du rock dans ces villes, car ce sont évidemment des choix subjectifs, et assumés comme tels, qui guident la sélection des groupes. On pourrait ainsi revenir sur une ville déjà mise à l'honneur, pourquoi pas? Tout cela est mouvant.
Peux-tu nous raconter la genèse du projet en 2013 ? Pourquoi San Francisco ?
San Francisco, c'est le point de départ, le commencement. C'est la ville où je dois me rendre pour un documentaire pour France Culture, où je travaille, et alors que je travaille sur différentes problématiques touchant la ville, je tombe accidentellement sur un artiste, Ty Segall. Et là, c'est un coup de foudre absolu. On est en 2012, et Ty a déjà publié pas mal d'albums, d'EP, dans un style garage, où on entend aussi l'influence du glam, de T.Rex et Bowie, mais aussi un talent époustouflant, une présence, une intensité, qui m'ont littéralement bouleversé. De Ty Segall, je suis passé aux Thee Oh Sees, aux groupes de Castle Face records : Bare Wires, Mikal Cronin, puis White Fence, mais aussi The Mantles, Royal Baths, Sonny Smith, Kelley Stoltz, Grass Widow, Sic Alps, etc... C'était éblouissant, tous ces groupes aussi forts, qui offraient une autre version de ce que la ville a historiquement enfantée : le SF sound, le punk, les Flamin' Groovies, Jefferson Airplane, Chrome ou les Dead Kennedys. Ces groupes assuraient la relève, surtout les Oh Sees et Ty, avec aussi White Fence et les Blasted Canyons. L'idée germe alors rapidement de lancer une grosse tournée en France de ses groupes, on en avit listé une dizaine. On est trois à l'époque, Olivia Rivet, qui est plasticienne et vient de l'administration du festival Jazz à Porquerolles, Sandrine Clauzure, mon épouse, qui est psychanalyste, et moi, qui suis enseignant de Philosophie et bosse occasionnellement pour Radio France. La rencontre avec Jérôme Busuttil, ancien des TV Killers et tourneur français actuel de Ty Segall et des Oh Sees, mais aussi des futurs Warm Soda sera salutaire et décisive. C'était un après-midi, juste avant un concert de Radio Moscow au Point Ephémère, et en l'espace d'une demi-heure, c'était banco! C'est avec lui que l'idée se précise en un festival. Après, les choses s'enchaînent. On monte une association, on a le feu vert du Centquatre qui accueillera la première édition avec un soutien généreux, et on part à la recherche des financements. Une autre rencontre compte énormément : Philippe Manoeuvre, soutien d'un enthousiasme et d'une générosité proprement incroyables... Là, le festival devient City Sounds, et il est clair qu'il sera récurrent, qu'après San Francisco, ce sera le tour d'autres capitales rock. Aujourd'hui, l'équipe initiale a changé, mais Jérôme Busuttil et moi en demeurons le noyau. Avec le génial Elzo Durt qui assure l'identité graphique du festival.
Cette année, le festival se consacre à New York, pourquoi encore une ville américaine ?
On ne pouvait pas quitter le sol américain, sans en passer par une dernière ville, quitte à y revenir plus tard... On a essayé de monter en 2014 une édition centrée sur Melbourne, qui a mal tourné à cause d'un gros partenaire qui a fait faux-bond in extremis. Donc, il fallait relancer la machine, et, alors que La Cigale nous ouvrait les bras, New York s'est imposée, avec ses myriades de groupes déments qui font trembler les murs des clubs de Brooklyn, où tout se joue en ce moment : Cerebral Ballzy, Savants, Endless Boogie, DIIV, Pampers, Cold Cave, les Obits... Et puis ces groupes qui sont à l'affiche de City Sounds 2015 : les hallucinants Beech Creeps, les géniaux Mystery Lights, mais aussi White Hills, duo psych-glam, les Seigneurs The Men... Nous avions envie d'avoir, pour cette édition deux figures tutélaires, et ce furent Thurston Moore - même s'il vit à présent à Londres - et Heavy Trash, le side-project de Jon Spencer avec Matt Verta-Ray des Speedball Baby. Une affiche de rêve!