BROR GUNNAR JANSSON

And The Great Unknown, part I (Normandeep Blues) // Par Sedryk Reaktion
Un premier album sorti dans l'ultra-confidentialité en 2012 (50 copies seulement, même s'il a été repressé depuis), puis la révélation en 2014 avec “Moan Snake Moan“, une bombe dégoupillée par le label français Normandeep Blues. En quelques années, Bror Gunnar Jansson, ce dandy suédois qui aurait sans doute voulu naître un siècle plus tôt, est devenu l'artiste le plus passionnant des années (20)10. 

Après avoir tenté l'aventure du groupe l'année dernière (Det Blev Handgemäng et son album “Bugalu“), le voici de retour en solo pour son troisième album et autant dire qu'il est très attendu au tournant. Ayant visiblement des bonnes compos à foison, ce nouvel opus se présente en 2 parties, avec d'abord ce EP de 26mn, suivi d'un album longue durée à paraître en avril.

Avec beaucoup d'intelligence, Gunnar continue à développer son style personnel, sans rester dans une zone de confort qui l'aurait enfermé à la longue. Il s'éloigne peu à peu de la formule one man band pour défricher de nouvelles contrées, sans rien perdre de son envoûtement. La production est plus léchée que dans le passé, sans céder à aucune sirène du marketing (l'album de remix dubstep n'est pas pour demain, quoi).

L'affaire commence et s'achève avec deux titres d'une intensité inouïe, “Spiritual“ et “War Tubas“ , dans lesquels le suédois donne toute son ampleur à son blues épique et quasi gothique, B.O. imaginaire d'un film qu'on verrait bien être un road-movie, filmé en noir & blanc par Jim Jarmusch. La voix aigrelette et si reconnaissable de notre homme en rajoute une couche dans la sombritude, tout à tour fragile, torturée ou menaçante. Il est vrai que pour ambiancer une soirée, certains pourront lui préférer l'intégrale de la Compagnie Créole. Passons.

Entre ces deux sommets, BGJ tente des trucs et varie les plaisirs : un blues au ukulele, un interlude à l'orgue de Barbarie, une plage expérimentale faite de larsens de guitares (ça ne dure pas, rassurez-vous) et ce duo de voix masculine et féminine sur “Day/Night“, si beau qu'on s'en suiciderait de joie.

En 26 minutes seulement, cet album nourrit plus que toute la concurrence réunie. Et ce n'est que la mise en bouche, le plat de résistance est à venir......

► En concert le 8 février à Amiens, le 9 février à Nancy, le 10 février à Annecy, le 11 février à Dijon, et le 12 février à La Maroquinerie de Paris, pour le festival Les Nuits de l’Alligator