Blondi's Salvation

Wisdom Whisper (Howlin Banana) // Interview
Racontez nous l’histoire de Blondi’s Salvation ?

Le groupe a débuté il y a 5 ans, Manuel et Julien ont commencé a jouer ensemble dans un hangar du port de Nantes, Etienne a rapidement rejoint le groupe suivi de Morgane aux percus l'année d'après. Après pas mal de changements de musiciens, Matthieu a rejoint le groupe quelques mois avant notre concert au Levitation. A l'origine, on voulait juste faire un groupe pour s'amuser et pour apprendre la musique.
Quant à nos motivations, on a chacun des raisons différentes qui nous ont amené à faire de la musique et à considérer cela comme quelque chose de majeur dans nos vies.

Manuel : Pour moi, la musique comme l'art en général est un moyen de faire avancer notre société et nos idées, on essaye de faire quelque chose qui dépasse le simple cadre du divertissement et qui se pose de réelles questions sur le pourquoi de la musique. J'essaye de faire quelque chose de sincère et d’intéressant qui peux apporter quelque chose aux auditeurs.
Julien : Pour moi c'est une volonté d'explorer de nouvelles choses, d'aller toujours plus loin et de voir où la musique peut nous mener.
Etienne : J'aime l'idée de participer à la grande cause de la musique en respectant certaines valeurs qui me semblent importantes.
Morgane : C'est une alchimie porteuse d'espoir.
Matt : C'est pour moi un désir de création, l'envie de faire quelque chose de pérenne.

Votre précédent album « Crusades » était très psychédélique avec quelques ambiances orientales alors que « Wisdom Whisper » est presque world, comment s’est opéré ce tournant ? Pourquoi ? Une volonté de se démarquer ?

On ne considère pas vraiment "Wisdom Whisper" comme un tournant, mais plutôt comme une évolution logique. "Crusades" était assez inspiré par l'orient, avec du Sitar sur le disque par exemple. Ce qui explique en partie qu'il ait été rangé dans le '' psyché '' vu que c'est un style assez lié à l'orient (et pas mal a l'Inde) dans l'imaginaire populaire. On ne s'est jamais dit qu'on voulait faire du psyché, mais plutôt explorer des terrains inconnus.
Sur le nouvel album on a essayé de se détacher encore plus de ce qu'on pouvait déjà aimer et écouter, sûrement pour se démarquer un peu, mais surtout parce qu'on veut construire une musique qui nous ressemble et que nous seuls nous pouvons jouer. Plus tu t'éloignes de ce que tu écoutes et plus tu fais quelque chose de personnel non ?

Vous sortez sur Howlin Banana, le label rock garage français, vous sentez vous appartenir à cette scène ?

On est tous des fans de garage dans l'âme, dans le fond on a pas mal de points communs avec ce courant artistique, l’intérêt pour le DIY, la sincérité dans l'interprétation, le choix de ne jamais faire de concessions par rapport à la musique. En fait, lors des premières années du groupe, on voulait faire quelque chose de résolument garage. Maintenant on sait qu'on se dirige vers quelque chose de plus nuancé, plus ouvert et plus contrasté. 
On baigne aussi pas mal dans le garage via nos fréquentations, c'est sans doute la scène de laquelle on se sent le plus proche pour le moment.

Personnellement lorsque Tom de Howlin Banana m’a envoyé votre album, j’ai été très surpris par votre musique. Je ne m’attendais pas à ce style là (loin des habitude du label). Comment s’est déroulé la collaboration avec Howlin Banana ?

Manuel a rencontré Tom l'année dernière, on avait écrit l'album, on allait enregistrer à Kerwax et il cherchait un label pour diffuser le disque. On avait sorti notre dernier disque en autoprod et on s'était rendu compte que pour la distribution et la communication c'était assez limité. Il est simplement allé le rencontrer à Paris, lui filer un disque de « Crusades » et lui a proposé de collaborer pour le prochain. Tom qui nous avait déjà fait jouer à « l'International » a accepté et nous a directement fait confiance. 

Pouvez vous nous parler des instruments orientaux que vous utilisez, comment se passe leur intégration ? Vous décidez d’explorer une musique traditionnelle ou vous vous amusez avec leur sonorité sans trop vous soucier de leur utilisation originelle ?

On a pas envie de singer d'autres styles de musique. On essaye de s'approcher de musiques qu'on a entendues et de reproduire des schémas, mais d'un autre côté on sait qu'on ne pourra jamais comprendre le pourquoi de la musique du coup on essaye de réinterpréter ce qu'on entend. 
L'instrument conditionne aussi énormément la façon dont tu composes. Et à chaque instrument son style de jeu. Intégrer d'autres instruments dans notre musique c'est aussi une manière de se détacher du fait même de jouer, cela nous sert surtout à enrichir notre vision de la musique.
Après dans les faits, on essaye de passer pas mal de temps à jamer pour s'entrainer et tester des trucs... qui ne fonctionnent pas toujours !

A la première écoute de «  Wisdom Whisper » j’ai tout de suite pensé à Goat et l’album « commune ». J’ai retrouvé ce côté quasi chamanique avec des riffs qui tournent jusqu’à la transe. Est-ce une inspiration pour cet album ? Avez-vous recherché ce côté mystique ?

On a beaucoup écouté le 1er album de Goat, entre autres, et ça fait parti de nos influences. C'est le genre de groupe qui n'a pu émerger, comme nous, que grâce à l'accès à une grosse connaissance via internet. On pense que c'est le genre d'inspirations qui vont se développer. On essaye de faire une musique qui n'est pas hermétique au monde dans lequel on vit. On a lu une interview dans laquelle Goat disait faire de la musique pour faire de la musique, on essaye de jouer parce qu'on a des choses à dire et pour le plaisir de chercher.
L'album Commune est sorti quelques semaines après qu'on ait enregistré notre album, nous n'avons donc pas eu le temps de nous en influencer.

Vos titres me font penser à une tour de Babel, on a l’impression qu’ils se construisent tout au long du titre. Est ce que cela reflète votre manière de composer ? Racontez-nous les petits secrets de la composition.

Pour construire les morceaux, on part souvent d'une base avec des mélodies ou des accords avec une voix et on rajoute des parties que l'on trouve en improvisant sur les parties. On essaye d'intégrer différents instruments en les faisant concorder à la base et à l'ambiance du morceau. La question est tout simplement de savoir ce que l'on veut raconter.
Pour cet album on est parti deux fois une semaine dans des maisons isolées en Bretagne. On installait tout le matos dans le salon, pour pouvoir jouer tranquille toute la journée.
Cela nous a permis de jouer certains morceaux et de les arranger ou en créer de nouveaux, de discuter de musique, d'expérimenter des choses et de passer du temps ensemble.
Ecrire et enregistrer un disque c'est une succession de choix : il faut se poser une question primordiale avant de commencer : qu'est ce que je veux faire, et surtout, pourquoi ?

Pour terminer, j’aimerai parler de Nantes. De loin, on a l’impression que cette ville est parfaite pour les artistes. Parlez nous des assos, des salles, des lieux qui font vivre la musique à Nantes et aux alentours ?

Il y a une vraie politique culturelle à Nantes qui fait un peu son identité mais le revers de tout ça, c'est que les initiatives personnelles n'ont pas forcément la place qu'elles devraient pour s'exprimer.
Pour les assos et les lieux, ça dépend un peu des périodes, il y a eu pas mal de fermetures pour des problèmes de voisinages, c'est un peu plus compliquer d'organiser des évènements.
L'année dernière on a organisé des concerts avec notre asso dans un atelier qu'on co-louait avec d'autres groupes et artistes, c'était vraiment top d'avoir un lieu comme celui-là pour travailler, même si c'était pas forcément le meilleur confort, c'était plutôt inspirant. 
Maintenant on a construit un studio dans notre nouvelle maison, c'est donc possible pour les groupes de faire des choses, peut être que c'est dû à la ville, difficile de s'en rendre compte, mais en tout cas on se débrouille et de plus en plus de gens sont attirés par Nantes !
Il y a aussi des structures qui sont là pour aider les groupes, en leur donnant des locaux, de la visibilité, etc. Mais on ne se sent pas trop a l'aise dans ce genre de trucs.
Elle aident a une forme de professionnalisation de la musique qui ne nous correspond pas car souvent au détriment de l’indépendance, de la spontanéité et parfois de l'originalité. Ca doit être notre coté garage !