#3 - Ceci n’est pas une chronique

Marlon Williams (Dead Oceans 2018) // Par Laetitia Lacourt

Marlon,

Tu permets que je t’appelle Marlon ? Depuis que je t’ai rencontré (enfin depuis que je te mate sur mon ordi), je n’ai que ces 6 lettres là à la bouche. Marlon à la plage, Marlon joue au basket, Marlon fait une pause clope, Marlon au restaurant, Marlon au volant, Marlon assis dans un fauteuil en rotin, Marlon et son chat, Marlon au piano, Marlon qui gratouille ses cordes : la moindre tranche de vie dans un de tes clips est un bouleversement hormonal, le moindre titre de ton album « Make Way For Love » est une injection de dopamine et le moindre post sur les réseaux sociaux, une occasion de te prouver mon amour avec des émoticônes ridicules.

Et puis Marlon Williams… ça sonne tellement mieux que Kevin Morby ! C’est viril et c’est doux, ça glisse, ça coule. Bref. Marlon.

Marlon, il faut que je te parle de Platon.

Pour lui, nous étions autrefois des êtres complets, puissants et béats de plénitude dotés de quatre jambes, quatre bras et de deux visages formant une seule tête. Suite à un excès d’orgueil, Zeus nous a tous puni en nous divisant en deux parties. Depuis, nous, les humains, recherchons éternellement cette fameuse moitié, animés par le désir de ne former qu’un être.

En vain.

Jusqu’à ce que je te vois ce 31 octobre 2017 dans la vidéo de ton concert à l’Espace B. Ta voix de crooner néo-zélandais qui susurre « it’s halloween again » sur le titre « Vampire again », ce riff diabolique qui me suce les oreilles à chaque écoute, ta façon de faire des petits hou hou en fronçant les sourcils, ton look de dandy-hobo : il aura fallu que j’attende 40 ans pour m’envelopper de cette certitude, tu es ma moitié, mon double, mon âme sœur.

J’ai lu que tu avais des origines aborigènes maoris. Franchement, quand je regarde la photo de mon arrière-arrière grand-mère polonaise, je suis intimement persuadée que moi aussi, ce qui vient conforter cette certitude que nous avons été séparés Marlon : moi à Saint Malo, toi à Lyttleton. Moi chez les grenouilles et toi au pays du kiwi. Même ViaMichelin n’arrive pas à me donner la distance exacte tellement ce gros con de Zeus nous a séparé loin.

J’ai aussi lu dans tes différentes interviews que l’amour était la pire chose au monde, que tu avais eu un ENORME chagrin suite à ta rupture avec Aldous Harding. Forcément mon lapin, ce n’était pas la bonne. L’amour reste bien la meilleure chose au monde sauf qu’il y a un rigolo qui s’emmerdait tellement qu’il s’est amusé à dispatcher tous les doubles sur la planète, à changer les âges et les goûts (mais j’aime bien les fruits de mer comme toi), à faire un gigantesque mémory (alors que Fernand Nathan en fait de très beaux) et que nous en chions tous à nous retrouver, les uns et les autres.

Heureusement, par je ne sais quelle sérendipité, 1 paire vient d’être retournée. RDV à Paris, au Point Ephémère, le 27 avril. Encore un peu de magie Marlon, et nous serons enfin réunis.
 

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Nobody Gets What They Want Anymore (with Aldous Harding) (Official Video), by Laetitia