Enfonce-Toi dans La Ville/Messin Plutôt Que Français // par Anton Shaefer
Il existe des misères nobles et des misères sales. Les misères nobles sont ces misères de prix nobels, de pétitions et de collectes : le Téléthon est par exemple l'occasion pour le grand cirque médiatique de pouvoir s'autopalucher, et des stars vont pouvoir en appeler à la générosité des Français en arborant des gamins myopathes à l'écran. Et, il y a la misère sale, celle qu'il faut cacher, celle que l'on refuse de voir : les petits, les héros anonymes, les clochards, les smicards, les « assistés », le cancer de la société, ceux qui ont froid, ceux qui ont faim, ceux qui sont écrasés pour un salaire minable, brisés par la grande machine du capital, ceux que l'on contrôle, que l'on prive de liberté...
Face au culte de la performance, de la réussite, la grande victoire idéologique des gagnants, on ne se préoccupe plus vraiment de la condition des miséreux, des faibles, des pauvres types. Noir Boy George est la preuve musicale, si il en fallait une, que l'enfer est bel et bien présent sur terre pour certaines personnes. Derrière ce magnifique pseudo, il y a Nafi que l'on retrouve également chez Scorpion Violente, The Dreams et Le Chômage. Par le biais de ce projet solo, il a donc sorti cette année un deux titres sur le label POUeT! Schallplatten (Delacave, Pierre & Bastien, …). Deux chansons qui font de Noir Boy George un Proudhon musical : une démarche digne, le témoignage brut, immédiat, sincère sur cette misère sale, un artiste qui rompt le silence qui règne autour de tout cela, et produit une musique de caves, de trottoirs, de cages d'escaliers qui sentent la pisse. Il arrive ainsi à poser en termes clairs des mots sur une situation scandaleuse : l'abandon d'une population sacrifiée au nom du profit, les exclus, les oubliés. Alors que d'autres artistes veulent parler comme et pour les laissés pour compte, Noir Boy George parle avec eux, au milieu d'eux. Il est alors question d'âmes en peine, de finir une seringue dans le bras dans le caniveau, de vivre sous les ponts, le long des chemins de fers ; l'urgence punk appliquée à la chanson française : une perfection.
La subordination est devenu un mode de fonctionnement comme un autre, même une nécessité nous expliqueront les cyniques, les profiteurs, les vrais assistés. Ceux qui contrôlent, ceux qui répriment, qui engrange, ceux qui utilisent leur liberté pour contenir celle des autres : apprentis et employés, clochards et chômeurs, délinquants et intérimaires, ouvriers et prolétaires, prostituées et prisonniers ; les parasites au milieu des déchets, les damnés, les sacrifiés au nom de l'argent, du capitalisme vorace et sans limites, et surtout pas celle de la décence. Pierre Drachline écrit dans son incroyable livre « Pour en finir avec l'espèce humaine » : « la révolte des ventres creux et des sans abris, même si elle aboutissait à un échec, vaudrait mieux que l'affligeante soumission à la générosité moite de la société. Mieux vaut être Spartacus que l'esclave d'une nouvelle Rome ». Plutôt que de le renverser, on a tendance à accepter le système, parce qu'on est né dedans, on envisage pas que ce soit autrement. Alors on ne bouge pas, on préfère sans foutre, en rire parce qu'il y aurait beaucoup trop de raisons d'en pleurer. A travers ses chansons, Noir Boy George nous parle d'une réalité qui n'est pas vendeuse, bien trop violente pour être étalée sur les couverture de magazine.
La misère, ici et maintenant.
Face au culte de la performance, de la réussite, la grande victoire idéologique des gagnants, on ne se préoccupe plus vraiment de la condition des miséreux, des faibles, des pauvres types. Noir Boy George est la preuve musicale, si il en fallait une, que l'enfer est bel et bien présent sur terre pour certaines personnes. Derrière ce magnifique pseudo, il y a Nafi que l'on retrouve également chez Scorpion Violente, The Dreams et Le Chômage. Par le biais de ce projet solo, il a donc sorti cette année un deux titres sur le label POUeT! Schallplatten (Delacave, Pierre & Bastien, …). Deux chansons qui font de Noir Boy George un Proudhon musical : une démarche digne, le témoignage brut, immédiat, sincère sur cette misère sale, un artiste qui rompt le silence qui règne autour de tout cela, et produit une musique de caves, de trottoirs, de cages d'escaliers qui sentent la pisse. Il arrive ainsi à poser en termes clairs des mots sur une situation scandaleuse : l'abandon d'une population sacrifiée au nom du profit, les exclus, les oubliés. Alors que d'autres artistes veulent parler comme et pour les laissés pour compte, Noir Boy George parle avec eux, au milieu d'eux. Il est alors question d'âmes en peine, de finir une seringue dans le bras dans le caniveau, de vivre sous les ponts, le long des chemins de fers ; l'urgence punk appliquée à la chanson française : une perfection.
La subordination est devenu un mode de fonctionnement comme un autre, même une nécessité nous expliqueront les cyniques, les profiteurs, les vrais assistés. Ceux qui contrôlent, ceux qui répriment, qui engrange, ceux qui utilisent leur liberté pour contenir celle des autres : apprentis et employés, clochards et chômeurs, délinquants et intérimaires, ouvriers et prolétaires, prostituées et prisonniers ; les parasites au milieu des déchets, les damnés, les sacrifiés au nom de l'argent, du capitalisme vorace et sans limites, et surtout pas celle de la décence. Pierre Drachline écrit dans son incroyable livre « Pour en finir avec l'espèce humaine » : « la révolte des ventres creux et des sans abris, même si elle aboutissait à un échec, vaudrait mieux que l'affligeante soumission à la générosité moite de la société. Mieux vaut être Spartacus que l'esclave d'une nouvelle Rome ». Plutôt que de le renverser, on a tendance à accepter le système, parce qu'on est né dedans, on envisage pas que ce soit autrement. Alors on ne bouge pas, on préfère sans foutre, en rire parce qu'il y aurait beaucoup trop de raisons d'en pleurer. A travers ses chansons, Noir Boy George nous parle d'une réalité qui n'est pas vendeuse, bien trop violente pour être étalée sur les couverture de magazine.
La misère, ici et maintenant.