Chronique (2024)
En ces temps troubles, un peu de tendresse ne fait pas de mal. Figurez-vous que cela tombe bien, le Little green de Cara Beth SATALINO en a à revendre.
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Enregistré avec son compagnon Chester GWAZDA (on retrouve le couple chez OUTER SPACES) au moment du confinement, Little green est le témoignage touchant d'une période sens dessus-dessous pour SATALINO. Et pour cause, la chanteuse d'Athens aura additionné à la pandémie la perte d'un emploi, le diagnostic d'une maladie longue durée ainsi que d'une grossesse non planifiée. Avec de tels chamboulements, on aurait pu s'attendre à un disque beaucoup plus misérabiliste. C'est pourtant tout l'inverse qui se produit : l'ensemble est posé, serein et d'une beauté simple capable de vous faire chavirer dès la première écoute.
Largement pastoral, le cadre musical de Little green est on ne peut plus chaleureux et garanti sans artifices, à l'image de ces parties de steel guitar savamment distillées tout au long de l'album. Cara Beth SATALINO n'a de toute façon pas besoin de grand chose pour briller. Une batterie discrète ou une boite à rythme minimaliste (l'introductif Warmth of a golden sun), quelques claviers et une basse posée au service d'un songwriting de haute voltige. C'est on ne peut plus criant sur le plus beau morceau du disque, Wheel song, qui a été composé en dix minutes montre en main. Mettant magnifiquement en scène les regrets d'un personnage qui a revendu sa guitare pour ne pas finir à la rue (« Whatever would have happened had I kept that old guitar, when I leave this slum appartment and start living in my car, would I drive out to LA get some gigs down at the bar, catch the hear of someone, who could make me a star ») et agrémentée de « la la la la la » à la beauté enfantine, la chanson clôt de la plus belle des manières une face A parfaite.
Sans jamais en faire des caisses, SATALINO charme par la simplicité de ses parties de guitare et son chant. Allant d'un VELVET UNDERGROUND fondant sur la banquise (Little green) à une country pleinement assumée (Outlaw), la musique de Cara Beth SATALINO arrive même à une certaine forme de perfection pop sans avoir l'air de trop y toucher (Dandelion weed et Volvo station wagon). Portant parfaitement son nom, Little green est tout aussi réjouissant quand il voit Cara Beth SATALINO nous prendre par la main pour profiter des joies simples de la nature (« Walked down to the farm to watch the eagles catch the sun, it doesn't seem like much but it's a new brand of fun ») sur The great liberator, autre moment fort du disque. On finira notre virée dans une clairière bercée de rayons de soleil (le lumineux Listen to the words enchainé au paisible Daylight savings), radieux après cette balade de 37 minutes comme dans un rêve.
Qu'elle a donc grandi la musique de Cara Beth SATALINO depuis son dernier effort sous son nom (le magnifique mini-album The good ones en 2011). Il ne reste plus grand chose du rock indé tendu dans la lignée de CAT POWER ou Shannon WRIGHT de l'époque, mais Little green nous ouvre les portes d'un monde country-folk tout aussi attirant.
Éric F.
(31 septembre 2024)XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
Cara Beth SATALINO. Little green (Worried Songs, 2024)
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Pour prolonger...
Cara Beth SATALINO : Bandcamp
Cara Beth SATALINO : Easy
OUTER SPACES play CBS
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Photographies : Éric F., DR
Illustration : Worried Songs
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