Chronique (2023) / La discothèque idéale / Trésor caché #012
Chronique d’anticipation : le nouvel album des LEMON TWIGS est déclaré d’office comme trésor caché. Nul doute que le disque passera sous les radars, tournés vers le procès pour plagiat de Ed SHEERAN et les nouveaux muscles de La FOUINE. D’une actualité déconnectée, encapsulée dans les années 70, Everything harmony n’est pas l’hommage poussiéreux aux idoles d’un autre temps : il rafraîchit et insuffle une vitalité nouvelle au classicisme pop.
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Les deux frère D’ADDARIO sont allés à bonne école. En 2018, leur album conceptuel Go to school évoque les aventures d’un chimpanzé éduqué comme un enfant. Dans le miroir, on suppose que Brian et Michael on fait le chemin inverse et sont devenus des singes savants, prêts à toutes les acrobaties musicales pour assurer le spectacle. La faute à un papa songwriter de l’âge d’or et à une participation précoce aux comédies musicales de Broadway (Brian a incarné Gavroche dans Les Misérables, et Polochon dans La Petite Sirène !). On a reproché aux LEMON TWIGS, parfois à juste titre, de reproduire les grimaces et les gimmicks de leurs maîtres. Trois albums ont confirmé ce goût pour une pop parodique et théâtrale, inspirée du Glam-rock de T. REX et de Ziggy Stardust.
Pour qui sonne le Glam
Sur Everything harmony, les affaires deviennent plus sentimentales. Fini les paillettes et le maquillage, fini le cinéma. L’émotion dégouline un peu, sans être feinte : elle a remplacé la morve des débuts. On croise toujours des fantômes, mais les deux frères ne se cachent plus derrière. Le mystère a remplacé l’hommage. Par quelle magie ? La réponse est dans le titre de l’album : tout est harmonie, comme ce In my head, à l’évidence immédiate. À force de fantasmes, les LEMON TWIGS ont sorti de leur chapeau un tube imparable. Le genre de prodige qui, on l’espère, ne pourra jamais être généré par une intelligence artificielle. Pas de nostalgie ici, juste une belle mélodie, qui n’avait pas encore trouvé preneur. Et puis ce talent indéniable pour les arrangements et les chœurs, qui justifie leur participation aux derniers albums anachroniques de WEYES BLOOD et de FOXYGEN.
Retour vers le passé
L’art a toujours été la possibilité d’une île. Paul SIMON est parti enregistrer à Johannesburg, les WINGS à Lagos. Les LEMON TWIGS se sont déterritorialisés dans les seventies. Ils ont préféré voyager dans le temps, rencontrer les CARPENTERS et consoler la peine infinie de la petite Karen, avec le romantique Corner of my eye. Ils ont frappé à la porte du magicien des studios, Todd RUNDGREN, et sont ressortis de là avec un morceau soul tout neuf (Any time of day). Chris BELL les a pris en autostop dans sa Triumph TR7 et leur a passé une maquette qu’il n’a pas eu le temps d’enregistrer lui-même (Every day is the worst day of my life). On les entend même faire une halte dans les années 90 pour refaire le plein d’essence et demander aux POSIES pourquoi ils n’ont pas rencontré le succès escompté (What you were doing). En somme, la bande son d’une excursion rêvée.
Paul MÉGLOT
(22 mai 2023)XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
The LEMON TWIGS. Everything harmony (Captured Tracks, 2023)
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Pour prolonger...
The LEMON TWIGS : Bandcamp
The LEMON TWIGS. Songs for the general public (4AD, 2020)
WEYES BLOOD. Titanic rising (Sub Pop, 2019)
FOXYGEN. We are the 21st Century ambassadors of peace & magic
(Jagjaguwar, 2013)
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Dans nos archives sonores :
Rock à la Casbah #812 (10/05/2023)
Rock à la Casbah #715 (09/12/2020)
Rock à la Casbah #706 (30/09/2020)
Photographies : bingO d'après pochette (c) Captured Tracks
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