Après avoir taquiné ses guitares sur une scène du Hop Pop Hop festival d'Orléans, la Suisse Émilie ZOÉ est montée sur un vélo-studio-radio.
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Les 16 et 17 septembre 2022, une bonne partie de l’équipe Casbah avait rejoint les rives de la Loire avec le studio-vélo de Radio Méga, pour représenter la Férarock lors de la 7ème édition du festival Hop Pop Hop. L’événement intra-muros organisé par L’Astrolabe fait la part belle aux musiques émergentes et accueillait, entre autres, l’une de nos chouchous, l’Helvète Emilie ZOÉ. Rencontre brève mais intense avec Jordane La Scandaleuse, à bord de notre studio ambulant…
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E N T R E T I E N //// E N T R E T I E N //// E N T R E T I E N
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" Ça prune ! "
Tu viens de jouer, ça fait une petite heure que tu es sortie de scène, c’était comment ce concert à Orléans ?
C’était, comment dirais-je... intense, lumineux, chouette.
Sur scène, tu es avec un batteur... et des guitares. J’aimerais qu’on parle d'elles. Électriques, acoustiques, tu passes de l’une à l’autre. Une semble vraiment spéciale, abimée et pleine de traces. A-t-elle une histoire ?
C’est marrant car je rencontre plein de gens qui font de la guitare et en sont assez geek. Ils connaissent tous les modèles. Ce n’est pas du tout mon cas. Moi je flashe sur des instruments et puis ça devient les miens. Parce que je les trouve chouettes et qu’ils m’attirent. J’en ai plusieurs sur scène parce que je compose des morceaux. Je n’ai pas de théorie musicale. Je compose à l’oreille avec ce que l’instrument me dit. J’ai l’impression que la composition c’est une rencontre avec un instrument à un endroit donné, à un moment donné. Du coup je désaccorde les cordes pour que ça sonne un peu comme j’ai envie et pour me simplifier la vie si les notes que j’ai envie de jouer sont trop difficiles à enchaîner. Ainsi j’ai quatre guitares sur scène car quasiment tous les morceaux sont joués avec un accordage différent. Cette guitare dont tu parles, c’est la plus chère de toutes. Je me souviens quand je l’ai achetée, je jouais sur un bateau, il me manquait un câble et je suis allée dans le magasin de musique le plus proche pour l’acheter. Et il y avait cette guitare au mur, elle était tellement belle ! J’ai demandé si je pouvais repasser le lendemain pour l’essayer et je l’ai adoptée tout de suite. Et les marques qu’on voit sur cette guitare, c’est moi qui les ai faites en jouant. Je joue avec mes muscles et mon médiator gratte le bois en même temps que les cordes... petit à petit la peinture s’en va mais ça donne de la patine !
[Le vélo-studio passe devant un magasin de musique]
Ah ! On passe devant un magasin dans lequel je suis déjà allée une fois en tournée. Ils n’avaient pas les cordes que je cherchais car j’utilise un gros tirant. Je désaccorde mes guitares très bas et j’ai besoin de grosses cordes.
Cette guitare semble représentative de ton univers, entre ombres et lumière...
Je ne sais pas trop si une guitare peut représenter un univers, mais en tous cas elle m’a touchée et j’aime bien voyager avec. J’aime également qu’elle ait de moins en moins de peinture. C’est aussi la seule de mes grattes qui a un prénom, elle s’appelle Prune. Car je ne sais pas si vous dites ça chez vous, mais quand on joue très fort et qu'on fait un truc qui envoie, on dit « ça prune ! ». Et c’est aussi le prénom d’une pote, donc j’ai trouvé que ça lui allait bien.
Tu viens de Suisse, tu es dans la bande de Hummus Records. À La Chaux-de-Fonds il y a un beau vivier. Tu as plusieurs projets, dont un avec Franz TREICHLER, le leader des YOUNG GODS. C’est une famille de copains avec qui vous faîtes de la musique. C’est aussi grâce à cet environnement que ta musique est comme elle est et que tu avances...
J’ai commencé avec des envies dans ma tête depuis l’enfance, d’aller voir des concerts et se dire que c’est tellement incroyable de pouvoir toucher tellement de monde avec une guitare et une voix. Quand j’étais dans le public je me disais : « Je suis émue, on est 800, tout le monde est ému, c’est fou ». Donc c’était une envie que j’avais en sous-marin dans ma tête. J'ai commencé à prendre des cours de guitare à l'âge de huit ans. J’ai arrêté assez vite car dès que ça devenait trop théorique, ça ne m’allait plus. Je me définis quand même comme quelqu’un d’autodidacte. Et j’ai un parcours où je suis allée dans les études techniques. À l’école polytechnique après le bac, j’ai rencontré des gens qui faisaient de la musique et je me suis dit « c’est quand même possible ». J’ai fait une pause dans mes études et j’ai commencé à faire de la musique. Et petit à petit, en rencontrant des gens, en faisant des concerts, je me suis dit que je n’allais pas reprendre mes études tout de suite. Et l’une des rencontres marquantes dans ma vie, c’est celle avec Louis JUCKER que j’ai vu en concert. Ses morceaux m’ont touchée tout de suite. Je me suis dit « C’est fou, je comprends ce qu’il fait ! ».
Louis fait à la fois de la folk et de la musique plus extrême...
Il a plusieurs projets. Son projet solo est plutôt folk, intimiste. Avec des morceaux très beaux, il fabrique lui-même ses instruments. Et il joue aussi dans ce groupe de post-punk qui s’appelle COILGUNS, où ça tabasse, il grimpe sur les sonos pendant les concerts.
Mais, on l’a vu sur ton live, il y a un peu de ça en toi ?
Moi j’adore ça en fait. C’est ça un concert. Il y a l’énergie que tu as à ce moment-là. Tu montes sur scène, il y a des gens qui sont là en face pour recevoir cette énergie, mais en fait ils t’en donnent tellement ! Du coup, tu prends cette énergie là et tu la transformes pour la faire passer dans les morceaux. Le concert, c’est de l’énergie qui se transforme et j’adore quand elle devient plein de choses avec des visages différents, qui passent par des paysages différents. Des taux de concentration d’énergie différents… C’est ça mon kiff !
Propos recueillis par La SCANDALEUSE
Transcription : Vico
(21 octobre 2022)XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
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Pour prolonger...
Émilie ZOÉ : Bandcamp
Émilie ZOÉ : site web
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Dans nos archives sonores :
Rock à la Casbah #765 (23/02/2022)
Cette interview en version audio :
Dig Dig Diggers au festival Hop Pop Hop 3/4 (17/09/22)
[interview d'Emilie ZOÉ à partir de la 43ème minute]
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Photographies : Jack TORRANCE, Vico
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