Les disques de la semaine // 06/12/2019
1 / DEERHUNTER – Why Hasn’t Everything Already Disappeared – 4AD (2019)
En proie à la dépression et hanté par de nombreux démons intérieurs, Bradford COX est un chanteur-guitariste passionnant, tant avec son projet solo délicat et soyeux, ATLAS SOUND qu’avec le faux-groupe DEERHUNTER qui a sorti son 8ème album studio chez 4AD en 2019. Why Hasn’t Everything Already Disappeared ? est beaucoup plus apaisé, lumineux et riche que ses prédécesseurs (à tendances expérimentales et psychédéliques où primait le shoegaze). On y entend des sons qui évoquent beaucoup la belle Angleterre de la fin des sixties : le jeune BOWIE, fan du Floyd de Syd BARRETT, prêt au décollage, les KINKS champêtres et mélodieux du village vert et même du Kevin AYERS baroque, complètement perché, après l’épisode Soft Machine. Plus proche de nous, on pensera aux regrettés SWELL MAPS (des frères Nikki SUDDEN et EPIC SOUNDTRACKS) en version ralentie, à la country morbide de SPARKLEHORSE, aux envolées opiacées de SPIRITUALIZED, souvent aux LEMON TWIGS (sans la grandiloquence Eltonjohnesque), ainsi qu’à des bandes originales de films signées BADALAMENTI (Twin Peaks) ou SAKAMOTO (Furyo).
Au premier abord et sur le papier, ça pourrait donner l’impression de partir dans tous les sens, mais à l’écoute, le résultat est très cohérent : mélodique, harmonieux, ultra-addictif donc fort recommandable ! Signée et soignée par la chanteuse galloise Cate LE BON, la production est superbe et nous envoie souvent dans l’espace.
2 / TINDERSTICKS – No treasure but hope – City slang (2019)
Depuis 1992, dans la foisonnante discographie des TINDERSTICKS, on compte une douzaine d’albums, une dizaine de bandes originales de films (la plupart pour la réalisatrice Claire DENIS), une avalanche de singles truffés d’indispensables faces B inédites et des enregistrements en concerts avec orchestres à cordes... et il n’y a pas grand-chose à laisser de côté !
Basé depuis 2013 dans La Creuse où il a créé le studio du Chien chanceux, le chanteur anglais Stuart A. STAPLES a décidé d’aller trouver l’inspiration sur l’île d’Ithaque, où Ulysse était Roi. Il a alors embarqué le reste de son équipe pour No treasure but hope, nouvel album somptueux, classique (cf. Curtains, leur chef d’oeuvre du siècle dernier) et idéal pour une entrée dans l’hiver. Cordes, piano délicat, batterie swing, bouzouki, voix qui tremble et réchauffe : Pinky in the daylight est un trésor inestimable.
3 / KAS PRODUCT – By pass – RCA (1983)
En 1978, Daniel FAVRE a 21 ans et décide de quitter son métier d’infirmier psychiatrique pour rejoindre la belle américano-argentine Mona SOYOC. Elle chante, joue du piano et de la guitare. Lui s’occupe des claviers, des machines électroniques et s’appelle désormais SPATSZ. Né officiellement en 1980, le duo KAS PRODUCT suit le chemin de toute formation musicale de cette époque : premiers EP’s enregistrés dans des conditions précaires affirmant leur singularité créative, premières parties de groupes plus visibles (MARQUIS DE SADE), articles dans la presse rock papier, passages radio qui interpellent des oreilles curieuses, puis signature chez RCA. Leurs deux premiers albums, Try out (1982) et By pass (1983) influenceront de nombreux groupes de corbeaux par chez-nous, notamment les sublimes JAD WIO. La boîte à rythmes claque, les guitares tranchent, la voix envoûte. KAS PRODUCT distille une cold wave minimale et électro, expérimentale, parfois bruitiste, à contre-courant des canons imposés, aventureuse donc. So long Daniel !
(06/12/2019)
En proie à la dépression et hanté par de nombreux démons intérieurs, Bradford COX est un chanteur-guitariste passionnant, tant avec son projet solo délicat et soyeux, ATLAS SOUND qu’avec le faux-groupe DEERHUNTER qui a sorti son 8ème album studio chez 4AD en 2019. Why Hasn’t Everything Already Disappeared ? est beaucoup plus apaisé, lumineux et riche que ses prédécesseurs (à tendances expérimentales et psychédéliques où primait le shoegaze). On y entend des sons qui évoquent beaucoup la belle Angleterre de la fin des sixties : le jeune BOWIE, fan du Floyd de Syd BARRETT, prêt au décollage, les KINKS champêtres et mélodieux du village vert et même du Kevin AYERS baroque, complètement perché, après l’épisode Soft Machine. Plus proche de nous, on pensera aux regrettés SWELL MAPS (des frères Nikki SUDDEN et EPIC SOUNDTRACKS) en version ralentie, à la country morbide de SPARKLEHORSE, aux envolées opiacées de SPIRITUALIZED, souvent aux LEMON TWIGS (sans la grandiloquence Eltonjohnesque), ainsi qu’à des bandes originales de films signées BADALAMENTI (Twin Peaks) ou SAKAMOTO (Furyo).
Au premier abord et sur le papier, ça pourrait donner l’impression de partir dans tous les sens, mais à l’écoute, le résultat est très cohérent : mélodique, harmonieux, ultra-addictif donc fort recommandable ! Signée et soignée par la chanteuse galloise Cate LE BON, la production est superbe et nous envoie souvent dans l’espace.
2 / TINDERSTICKS – No treasure but hope – City slang (2019)
Depuis 1992, dans la foisonnante discographie des TINDERSTICKS, on compte une douzaine d’albums, une dizaine de bandes originales de films (la plupart pour la réalisatrice Claire DENIS), une avalanche de singles truffés d’indispensables faces B inédites et des enregistrements en concerts avec orchestres à cordes... et il n’y a pas grand-chose à laisser de côté !
Basé depuis 2013 dans La Creuse où il a créé le studio du Chien chanceux, le chanteur anglais Stuart A. STAPLES a décidé d’aller trouver l’inspiration sur l’île d’Ithaque, où Ulysse était Roi. Il a alors embarqué le reste de son équipe pour No treasure but hope, nouvel album somptueux, classique (cf. Curtains, leur chef d’oeuvre du siècle dernier) et idéal pour une entrée dans l’hiver. Cordes, piano délicat, batterie swing, bouzouki, voix qui tremble et réchauffe : Pinky in the daylight est un trésor inestimable.
3 / KAS PRODUCT – By pass – RCA (1983)
En 1978, Daniel FAVRE a 21 ans et décide de quitter son métier d’infirmier psychiatrique pour rejoindre la belle américano-argentine Mona SOYOC. Elle chante, joue du piano et de la guitare. Lui s’occupe des claviers, des machines électroniques et s’appelle désormais SPATSZ. Né officiellement en 1980, le duo KAS PRODUCT suit le chemin de toute formation musicale de cette époque : premiers EP’s enregistrés dans des conditions précaires affirmant leur singularité créative, premières parties de groupes plus visibles (MARQUIS DE SADE), articles dans la presse rock papier, passages radio qui interpellent des oreilles curieuses, puis signature chez RCA. Leurs deux premiers albums, Try out (1982) et By pass (1983) influenceront de nombreux groupes de corbeaux par chez-nous, notamment les sublimes JAD WIO. La boîte à rythmes claque, les guitares tranchent, la voix envoûte. KAS PRODUCT distille une cold wave minimale et électro, expérimentale, parfois bruitiste, à contre-courant des canons imposés, aventureuse donc. So long Daniel !