Les disques de la semaine // 15/11/2019
1/ Orville Peck – Pony – Sub Pop 2019
GROSSE OBSESSION de la semaine (je sais, j’arrive après la bataille). De celle qui donne envie d’acheter un loup à franges, de se barrer avec un cow-boy dans la Sierra Nevada ou de taper « santiags rouges » dans le moteur de recherche de Vinted. Derrière ce pseudo qui vous oblige à vérifier qu’il n’y a aucune filiation avec Gregory, se cache, au sens propre comme au sens figuré, un certain Daniel Pitout (moins vendeur comme blaze c’est certain) chanteur queer et cow-boy masqué en permanence. Pour faire court, Orville Peck pourrait être le fils d’Elvis et de Dolly Parton ou l'acteur principal d'un nouvel épisode de Zorro (de préférence, "Zorro est arrivé à Brokeback Mountain"). Pour la faire un peu plus longue, Dany présente toutes les caractéristiques d’un fantasme féminin : une voix de crooner ultra veloutée, des yeux très bleus dont le moindre battement de cil suffit à faire baisser la garde, des tatouages un peu partout, un petit coup de banjo par-ci, des sifflements virils par-là. Et c’est parti pour une belle chevauchée.
Plus sérieusement, Orville Peck est un chanteur de country canadien (après un passage par la case grunge) plus que brillant, auteur d’un premier album, Pony, signé sur Sub Pop. Balades artisanales parfaitement troussées, visuels et clips toujours bien léchés : Orville a, sinon le bon goût, l’art et la manière de narrer l’amour, les vicissitudes de la life et les cœurs brisés sur fond d’Amérique poussiéreuse. De "Dead of night" (qui rappelle le timbre de Marlon Williams) à Old River (bien hantée) en passant par "Roses are falling" (aux petits accents de "Sleep Walk" de John Cafferty) jusqu’à la très cinématographique "Take you Back" (ma préférée - on imagine sans mal Elvis sur un canasson) : Pony est un gros voyage dans les racines de la country, les années 50 et la pop culture.
2/ Johnny Lloyd – Next Episode starts in 15 seconds – Xtra Mile Recordings 2019
Flashback. Au début des années 2010, du côté de Camden, Johnny Lloyd fonde le groupe Tribes. 4 ans, deux albums, un gros manque de moule et au moins 3 tubes plus tard, l’aventure se solde par une séparation, un chouïa rapide. Il aura fallu visiblement un peu de temps pour que le leader digère la moitié de la pilule et revienne avec un album solo. A l’écoute du disque, j’ai même envie de dire qu’il en a toujours gros sur la patate Johnny.
Quasi acoustique, « Next Episode starts in 15 seconds » mêle mélodies fragiles, ballades déchirantes, arpèges délicats, harmonica et enchaîne 10 titres évidents blindés de nostalgie. L’album s’ouvre avec « Next Episode starts in 15 seconds », bien bien pompée sur « We're Going to Be Friends » des White Stripes mais superbe, s’achève sur « Forced Therapy » (un peu plus catchy et qui rappelle Edward Sharpe & The Magnetic Zeros) tout en passant par « Modern Photography » ou « Fix » qui évoquent davantage Bob Dylan. Une vraie réussite.
3/ The Pesos – Laissez Faire – Lolipop Records 2018-2019
J’ignore ce qu’il s’est passé, ce que le label a branlé sur la promo, si le groupe existe encore (j’en doute sérieusement), toujours est-il que ce disque sorti en 2018 est passé totalement inaperçu, que Lolipop l’a ressorti en avril 2019, juste en changeant l’année, que mes mails au leader du groupe sont restés mails morts après le 22 mai 2018, alors qu’une tournée en France était envisagée, que je m’étais fais chier à préparer une interview, que que que. Bref, quel gâchis tant cet album est si beau.
Découverts en 2014 avec le fameux titre "Heartbeat", Yaan Pessino, Bradford Walters, Joey Bonano, Wesley Smith et Cowboy Casey Seymour sont 5 chevelus blonds décolorés et noirs corbeaux dotés d’une bonne vibe surf-mélancolique (j’ignore s’ils sont toujours 5). Ils vivent sous le soleil brûlant d’Orange County, le fief des Growlers dans la grande banlieue de L.A, et se distinguent par un style musical où la nonchalance, le bancal et la tendresse se conjuguent à des influences sixties. Si tout l’album boucle aussi facilement qu’un cheveu sec un jour de pluie, il contient en plus deux tubes solaires, « Another Life » dont la langueur quasi monotone vous invite à paresser sous la couette si c’est l’hiver, au bord d’une piscine si c’est l’été mais aussi « Atomic Love », une incontournable ritournelle pop intemporelle.