The Devil Makes Three | Le Nouveau Casino – Paris | 15 juin 2014
Dimanche, 18h. Avant de plonger nos yeux dans les bleus et voir pâlir les jolies couleurs du Honduras, avant de constater que Debuchy et Griezmann ont de bonnes têtes à la Morrissey, avant de chercher vainement du rock 'n' roll dans le football, on est parti se mettre en jambes au Nouveau Casino.
Mélange rugueux de bluegrass acoustique, de country et de folk sauvageonne, The Devil Makes Three n'est pas né de la dernière tornade Oklahomaine : le trio hillbilly en est à son sixième album (I'm a stranger here - octobre 2013), enregistré à Nashville dans les studios d'un certain Dan Auerbach.
Côté carte postale, direction la Californie, le Vermont et le Texas d'où sont originaires Pete Bernhard, Cooper McBean et Lucia Turino. Si les trois spécimens ont autrefois fait leurs armes dans le punk rock, le hardcore et le métal, ils ont aujourd'hui l'art et la manière de vous embarquer dans l'Amérique de Johnny Cash, direction un ranch paumé du Tennessee, à bord d'un pick-up brinquebalant. On y vivrait de bluegrass, d'amour et de bière fraîche, un peu comme dans « Alabama Monroe », avec de la romance, des drames, de la légèreté et de la noirceur en toile de fond. La mort, la tristesse, la dépression, la joie, la colère : The Devil Makes Three joue sur une gamme d'émotions fortes et simples qui finissent irrémédiablement par donner envie de crier des « yeehaa » de cowboy heureux (Et c'est d'ailleurs ce que le public fait ce soir).
Sur scène, le groupe est un vrai biscuit pour les yeux : le très classieux Cooper McBean, guitariste et banjoïste, arbore une longue barbe rouquine, un veston noir bien coupé et cintré, une cravate rouge et une chemise blanche aux manches retroussées sur des bras ultra tatoués. Un véritable cabinet de curiosité encré dans la peau, comme cet improbable V.E.R.M.O.N.T dans le cou ou N.I.N.T.E.N.D.O inscrit sur chaque phalange. Impossible de louper Lucia Turino, excellente contrebassiste, dont la poitrine est tatouée d'un immense crâne de longhorn.Quant à la setlist, elle donne tout simplement envie de se frapper les cuisses, de ressortir une paire de santiags et de faire voler les Stetson.
On aime tout : le tempo rapide (Statesboro blues), les chœurs brûlants de Lucia (The bullet), le vieux banjo (40 days), les ballades écorchées (Goodbye old friend), les odes au Jack Daniels et l'intervention d'un quatrième larron au violon (Old number 7), la voix aigüe et éraillée de Pete (Worse or better), les ritournelles très country (Hallelu), et la dernière, St James, complainte au violon aux variations multiples, aussi déchirante qu'entrainante, aussi amère que virevoltante, qui rappelle que la vie finit six pieds sous terre.