Tyranny (Cult Records) // par Anton Schaefer
Alors que le début des années 2000 est tout acquis à la musique électronique (Daft Punk, Air, Aphex Twin, etc...), deux groupes aideront fortement à remettre les guitares au premier plan : les Libertines et les Strokes. En 2001, ces derniers, emmenés par leur chanteur Julian Casablancas, livraient alors avec « Is This It » un premier album représentant un véritable bol d'air frais excitant et mélodieux. Mais ces dernières années, on a surtout parlé des Strokes concernant une hypothétique séparation : étaient-ils devenus un groupe sans envies musicales et seulement motivé par l'argent ? Des tensions, liées à des différends musicaux, ont éclaté entre les membres du groupe, et les Strokes ont bataillé afin de maintenir un semblant de cohésion au sein de leur formation. Comment éviter alors la routine et la lassitude au sein d'un groupe où les membres expriment des désirs artistiques différents ? Comment articuler le fait d'être fidèle à soi-même et fidèle aux autres : et si l'avenir des Strokes résidait dans la possibilité pour ses membres de ne pas étouffer au sein de la formation en tentant l'aventure solo ?
En quête de nouveaux espaces afin de laisser libre cours à ses expérimentations, Julian Casablancas s'entoure à l'occasion de ce deuxième album solo d'un nouveau groupe, les Voidz. Avec eux, Casablancas essaie de nous servir ce totem de la mythologie rock : le groupe comme un gang de potes. Mais qui peut vraiment prendre au sérieux Julian Casablancas, bourgeois poseur, et ses nouveaux amis lorsqu'ils se la jouent dangereux dans leur dernier clip ? Julian Casablancas se rêve en Mad Max dans les rues de New-York, fantasmant au fil des chansons désespérées de ce second album son appartenance à un groupe punk-rock. Au-delà de cette posture grotesque de mauvais garçons, il ne nous reste plus qu'à nous pencher sur ce qu'il y a de plus important : les chansons. Et ce nouvel album, « Tyranny », regorge de véritables petites merveilles synthétisant la colère et la mélancolie. Si vous imaginiez le chanteur des Strokes complètement lessivé et à bout d'idées, il est nécessaire alors d'écouter le furieux « M.utually A.ssured D.estruction », ou encore « Nintendo Blood », bouleversant morceau au final épique tutoyant les sommets. Sur « Tyranny », Julian Casablancas poursuit ainsi le virage électronique déjà amorcé à l'occasion de son premier album solo, « Phrazes For The Young ». Il aurait très bien pu vouloir satisfaire tranquillement sa fan base avec ce second album, mais ce disque est tout sauf à quoi on pouvait s'attendre de lui. Cet album « Tyranny » sonne au final comme une dernière tentative (réussie) pour Casablancas de prouver qu'il n'est pas qu'une figure hype.
Les Strokes ont permis d'ouvrir le chemin à d'autres groupes comme Phoenix par exemple. Mais là où les Arctic Monkeys et Franz Ferdinand sont déjà morts et enterrés depuis un bon moment, les mecs des Strokes parviennent encore, en groupe, à sortir des chansons dingues (« Games » et « Call Me Back »), mais aussi en solo : on retiendra surtout les albums du guitariste Albert Hammond Jr. et ceux de Casablancas. Si la fidélité est une construction, une volonté de ne pas obéir à ses caprices, elle est aussi une forme d'engagement et un idéal exigeant : la fidélité et la survie artistique des Strokes nécessitent paradoxalement l'infidélité de ses membres envers l'idée directrice du groupe par le biais d'expérimentations en solo. Qu'est-ce qui peut bien pousser Julian Casablancas à prendre autant de risques sur cet album ? Lui qui aurait pu surfer sur son succès avec les Daft Punk (« Instant Crush ») et livrer un album d'électro pop pantouflard propose ici avec « Tyranny » un album radical : cette liberté-là pour Casablancas de faire ce qu'il veut sur cet album est sûrement le meilleur moyen pour lui de se libérer des frustrations que peut, parfois, engendrer la vie en groupe.
En quête de nouveaux espaces afin de laisser libre cours à ses expérimentations, Julian Casablancas s'entoure à l'occasion de ce deuxième album solo d'un nouveau groupe, les Voidz. Avec eux, Casablancas essaie de nous servir ce totem de la mythologie rock : le groupe comme un gang de potes. Mais qui peut vraiment prendre au sérieux Julian Casablancas, bourgeois poseur, et ses nouveaux amis lorsqu'ils se la jouent dangereux dans leur dernier clip ? Julian Casablancas se rêve en Mad Max dans les rues de New-York, fantasmant au fil des chansons désespérées de ce second album son appartenance à un groupe punk-rock. Au-delà de cette posture grotesque de mauvais garçons, il ne nous reste plus qu'à nous pencher sur ce qu'il y a de plus important : les chansons. Et ce nouvel album, « Tyranny », regorge de véritables petites merveilles synthétisant la colère et la mélancolie. Si vous imaginiez le chanteur des Strokes complètement lessivé et à bout d'idées, il est nécessaire alors d'écouter le furieux « M.utually A.ssured D.estruction », ou encore « Nintendo Blood », bouleversant morceau au final épique tutoyant les sommets. Sur « Tyranny », Julian Casablancas poursuit ainsi le virage électronique déjà amorcé à l'occasion de son premier album solo, « Phrazes For The Young ». Il aurait très bien pu vouloir satisfaire tranquillement sa fan base avec ce second album, mais ce disque est tout sauf à quoi on pouvait s'attendre de lui. Cet album « Tyranny » sonne au final comme une dernière tentative (réussie) pour Casablancas de prouver qu'il n'est pas qu'une figure hype.
Les Strokes ont permis d'ouvrir le chemin à d'autres groupes comme Phoenix par exemple. Mais là où les Arctic Monkeys et Franz Ferdinand sont déjà morts et enterrés depuis un bon moment, les mecs des Strokes parviennent encore, en groupe, à sortir des chansons dingues (« Games » et « Call Me Back »), mais aussi en solo : on retiendra surtout les albums du guitariste Albert Hammond Jr. et ceux de Casablancas. Si la fidélité est une construction, une volonté de ne pas obéir à ses caprices, elle est aussi une forme d'engagement et un idéal exigeant : la fidélité et la survie artistique des Strokes nécessitent paradoxalement l'infidélité de ses membres envers l'idée directrice du groupe par le biais d'expérimentations en solo. Qu'est-ce qui peut bien pousser Julian Casablancas à prendre autant de risques sur cet album ? Lui qui aurait pu surfer sur son succès avec les Daft Punk (« Instant Crush ») et livrer un album d'électro pop pantouflard propose ici avec « Tyranny » un album radical : cette liberté-là pour Casablancas de faire ce qu'il veut sur cet album est sûrement le meilleur moyen pour lui de se libérer des frustrations que peut, parfois, engendrer la vie en groupe.