Une soirée électrique de bonne facture // par Lætitia Lacourt
Soirée incontournable du Festival Les Inrocks Philips, ce 14 novembre a rassemblé, à La Cigale, la crème du rock électrique : Benjamin Booker, The Orwells, Parquet Courts et Palma Violets. Le combo idéal, le jackpot gagnant, comme lorsque les petites cerises s'alignent sur une slot machine.
À 19h pétantes, le jeune Booker entre sur scène. Vêtu d'un tee-shirt blanc, d'un jean délavé gris et de Doc Martens bordeaux, il déroule son set devant un public, hélas, un peu parsemé, qui à plus tendance à débriefer sa journée de taf que de s'attendrir sur le blues électrique et les mélodies imparables de BB. Force est de constater que sa prestation est un chouille moins puissante – malgré un troisième larron à la guitare - qu'à la Mécanique Ondulatoire quelques mois plutôt : le set est moins agressif et animal et ne fait pas perler la sueur sur nos fronts blêmes. Malgré tout, son « Violent shiver » nous traverse toujours autant l'épine dorsale, et Benji fait bien son job, celui d'introduire efficacement les 3 autres groupes.
19h45. On ne le sait pas encore, mais la révélation de la soirée sera sans doute The Orwells. Difficile de passer à côté de ce quintette américain venu de la côte Est : 5 post-ados aux visages encore marqués par l'acné et toute la vie rock'n'roll devant eux. Porté par le chanteur Mario Cuomo, The Orwells est venu défendre leur second et très bon album, Disgraceland. Futal noir, veste noire et tee-shirt blanc immaculé, Mario pourrait être le fils caché de Jim Morrison en version blonde et plus bouclée : il prend un malin plaisir à lécher le fil de son micro de façon assez subversive, se le frotte au niveau de l'entrejambe, se balade lascivement dans la fosse ou s'allonge sur scène en regardant lubriquement les minettes du premier rang. Il n'en faut pas plus pour chauffer un public, surtout si les paroles sont à la hauteur du showman : « Souris moi et enlève ta culotte ». Ça nous fait effectivement sourire, mais personne n'enlève son slibuche. À la fois punk, garage, grunge, noisy, The Orwells ont visiblement été bercé par les Stooges, Nirvana et autres Pixies ou Strokes et s'ils ont clairement passé l'âge de biberonner du Guigoz, nous, on a bu du p'tit lait.
La déception se situe entre 20h35 et 21h30. À l'image de leur dernier album, Parquet Courts m'ennuie un peu. Les titres me paraissent un peu longs, sans aspérités, sans mélodies accrocheuses ou tube raccrocheur puisqu'ils ne joueront même pas « You've Got Me Wonderin' Now ». Deux guitares, une basse, une batterie : l'équation est pourtant parfaite pour décoiffer les tignasses, mais personnellement, ça m'ébouriffe à peine.
Montée en puissance parfaite, les Palma Violets sont les derniers à passer, vers 22h. Le public est bien chaud et bien aviné pour accueillir les quatre londoniens. La dégaine un peu crasseuse, Samuel Fryer (guitare/chant), Chilli Jesson, (basse/chant), Peter Mayhew (clavier) et William Doyle (batterie) semblent être tout droits sortis de la cuisse des Clash. Amicalement parlant, on pense aux Libertines avec un beau front de scène Chilli/Sam. Côté famille, ça pourrait être plus dégueu, le père du bassiste étant le manager de Nick Cave. Toute notre attention se portera d'ailleurs sur ce dernier : Chilli Jesson est un bassiste fascinant, pas du tout planqué derrière sa mèche de cheveux, qui à l'air de carburer à tout un tas de drogues qui finissent par « ïne ». 45 kilos tout mouillé, il sautille partout, de la scène aux caissons de retours, renverse son micro dès qu'il braille (bien) dedans, se contorsionne sur la scène puis finit, dans un excès de rage rock 'n'roll, par jeter violemment sa basse pour clore le show. On repart avec les notes de leur tubesque « Best of friends » dans les oreilles et le sourire aux lèvres.