Parquet Courts – Sunbathing Animal (What’s Your Rupture, 2014) // par Nicolas Gougnot
Plus jeune, Robinson était un angoissé. Puis, avec les années, ces bouffées de peur avaient fini par le quitter, progressivement. Une sorte de début de sagesse. Et depuis quelque temps, il le sentait, ce désagréable sentiment d’incertitude lui revenait dessus comme un boomerang. Il allait finir par mourir. Mais l’oppression qui l’étreignait ne provenait pas de là. Enfin… Pas directement, en tout cas. Il allait mourir et toute l’expérience qu’il avait accumulée allait disparaître avec lui, et c’était de le savoir qui lui faisait mal. Ce n’était pas pour lui, mais pour l’humanité. L’humanité… Il ricana nerveusement, consacra une bonne part de son énergie à s’extraire de son fauteuil, à cause de ses vieilles douleurs, et mit de l’eau à chauffer sur l’antique poêle à bois. Il avait encore bien des choses à faire et pas le temps de s’apitoyer sur son sort et encore moins sur celui d’une humanité qu’il considérait comme perdue, définitivement, égarée dans une modernité qui rendait les gens malheureux, esclaves d’un système auquel rares, les plus riches en réalité, étaient ceux qui y trouvaient un sens. Plus rares encore étaient ceux qui tentaient de vivre en dehors. Et c’était très difficile, mais cela en valait la peine.
Essayant de repousser ses pensées négatives, il regarda autour de lui. L’intérieur de sa maison était chaleureux, bien que souffrant d’un relatif manque d’entretien, non, plutôt de la difficulté à se procurer les matériaux nécessaires. Il avait pourtant de nombreuses habitations vides alentours, à sa disposition, mais au fil des années, les toits avaient crevé et tout ce qu’ils abritaient avait pourri, rongé par l’humidité, et était devenu inutilisable.
Robinson n’était pas son vrai nom, mais celui qu’il s’était donné au cours de ses discussions avec lui-même. Cela venait d’un vieux livre qu’il avait lu quand il était encore enfant. Depuis longtemps, il se sentait comme un naufragé échoué au milieu d’un océan. Quand lui et sa compagne s’étaient installés dans ce coin rural, au tout début du siècle, ils étaient arrivés avec toutes les illusions de ceux qui, une fois leurs études et pérégrinations urbaines achevées, pensaient retrouver la quiétude et les joies simples des campagnes de leur enfance. Mais ils n’avaient pas compris que la société rurale avait changé, avec une radicalité dont ils n’avaient pas pris la mesure. La bonne vieille polyculture, les prés garnis d’animaux, vaches, chevaux, ânes, même les poulaillers, tous avaient disparu depuis longtemps, au profit de la céréaliculture et autres cultures industrielles intensives. Il fallait garnir les supermarchés. Ils s’attelèrent cependant avec acharnement, et succès, aux cultures potagères, gardant la volonté d’une vie saine et simple. Des enfants naquirent, un, puis deux, qui grandirent dans cet environnement de moins en moins onirique et chargé de produits nocifs engendrés par l’agriculture-business, laquelle grignotait tout, bosquets, bois, forêts, chemins. Sa compagne, dont il ne pouvait évoquer le souvenir sans éprouver un pincement au cœur, l’avait pourtant poussé à partir, plus loin. Robinson pourtant avait toujours refusé, ils avaient bâti, ou plus précisément, restauré leur nid et ils y étaient bien, malgré tout… Puis les enfants avaient attrapé, l’un après l’autre, une saloperie due aux produits « phytosanitaires ». Sanitaire, mon cul… Ils étaient morts presque en même temps, sans que les médecins aient pu faire quoi que ce soit. Les médecins… Il y en avait déjà de moins en moins à l’époque, déjà. Plus personne ne voulait venir exercer dans ces espaces de moins en moins peuplés, de plus en plus laissés à l’écart par les autorités, lesquelles, par souci d’économies, ont rationalisé, « modernisé », l’organisation de la société européenne, concentrant de plus en plus les habitants, les activités, les services, dans des villes toujours davantage étendues et inhospitalières. Quand les enfants moururent, sa compagne se laissa dépérir, et il dut l’enterrer à son tour. S’il l’avait écoutée…. Pas une semaine ne passa, durant ces décennies passées seul, sans qu’il pense à elle et à leurs enfants fauchés par la soif du profit de quelques salopards, par l’absence de réaction de ses contemporains, et par les erreurs, lourdes de conséquences, qu’il avait commises. Il le savait bien, que c’était en partie de sa faute. Il était boursouflé de regrets, et de colère pure aussi. Et il était resté, seul et inconsolable. Les services publics désertèrent progressivement les zones rurales, les derniers habitants à leur suite, ne restèrent bientôt plus que quelques agriculteurs régnant sur des domaines infinis et déserts. Pas pour longtemps : les progrès de la technologie permirent à ceux-ci d’aller vivre de leurs activités dans les villes. Les exploitations étaient désormais entièrement robotisées. De nombreux villages furent rasés pour permettre l’extension des parcelles agricoles, l’expansion des villes exerçant une pression foncière en opposition avec les besoins d’approvisionnement de la population. Certaines zones, vouées à la céréaliculture, furent déclarées inhabitables. On savait quelles étaient les conséquences de l’emploi des pesticides, sans vouloir pourtant y renoncer. Robinson avait refusé d’abord les mutations, puis de suivre les conseils de ses rares amis proches, et enfin d’obéir aux injonctions des autorités, qui le harcelaient pourtant pour qu’il quitte sa maison. Leur maison, ornée de photos des aimés disparus. Et il organisa sa survie. Plus de carburant pour se déplacer, plus de gaz pour la cuisine, plus d’électricité, les réseaux ayant été démontés pour être recyclés. Il réussit à se bricoler une petite centrale hydro-électrique, grâce au ruisseau qui courait dans la pente devant la maison. L’apport en énergie fut complété par quelques panneaux solaires « empruntés » aux maisons abandonnées des voisins déserteurs.
Ah ! Les cons !, ne put-il se retenir de maugréer, comme à chaque fois qu’il pensait à ceux qui avaient écouté les sirènes de la modernité. Les sirènes de la modernité ou la nécessité ? Il n’arrivait même plus à être d’accord avec lui-même sur ce point.
Le peu d’électricité qu’il produisait lui permettait d’obtenir un peu de lumière pour lire ses précieux livres et surtout pour écouter ses disques. Cela suffisait. Ses livres et ses disques, son trésor interdit. Il avait bien subi les visites des inspecteurs de l’Agence Pour La Culture, mais il disposait de tellement d’endroits où dissimuler ce qu’il avait qu’ils finirent par abandonner. Quel danger un homme considéré comme à moitié fou, isolé en pleine zone de déprise, pouvait-il représenter pour la Nouvelle Organisation mise en place par les Agences gouvernementales ? Après quelques années, il avait pu tout ramener dans la maison. C’était tout ce qui restait d’un passé heureux.
Il alla mettre en route l’un de ses rares antidotes à la déprime. Quand il alluma l’amplificateur de sa vieille chaîne audio, les lumières éclairant la maison vacillèrent. Pas assez d’énergie pour tout alimenter, avec son système primaire. Il sorti un vieux vinyle de sa pochette fatiguée. Sunbathing Animal, des Parquet Courts. Les premières notes, dissonantes, grésillèrent sous l’action du vieux diamant, qui tenait désormais davantage de l’aiguille des antiques phonogrammes, puisqu’il n’avait pu le changer depuis bien longtemps, il était si difficile de s’en procurer. Chaque écoute creusait davantage le sillon, il le savait bien. Peut-être aurait-il bientôt une cellule neuve ? Il avait accepté, pour cela, de céder quelques disques. Cela lui avait coûté, mais comment faire autrement? Et puis il attendait beaucoup de ce petit trafic. Risqué, évidemment, mais il pressentait que la lumière viendrait de là.
Un très bon groove punk rock, accompagné d’un chant à la fois bavard et décontracté, envahit le confinement du salon. Accalmies, breaks, puis retour à la mélodie de départ. Accélération avec le second morceau, l’un des meilleurs au goût de Robinson. Etait-ce encore du punk-rock ou déjà du post-punk ? Peu importait, à vrai dire, c’était bon, exactement ce dont il avait besoin. Les stridences des solos, ou de ce qui en faisait fonction, vrillaient un peu ses oreilles fatiguées d’excès. Dear Ramona, bien plus calme, arriva à son secours. Quelle beauté dans le pont marquant une rupture dans la répétitivité lancinante du morceau ! Une des frustrations de Robinson résidait dans son incapacité de à comprendre les textes, mais il s’en consolait en se laissant imprégner par la musique et la mélodie du chant et la tessiture de la voix, à la fois tendue et sans colère, déterminée et nonchalante. La basse chaloupée était admirablement accompagnée des deux guitares, aux phrases musicales un peu bancales, se tournant autour avant de se trouver. C’était véritablement une musique intelligente que Robinson redécouvrait là. Always Back In Town fit ressurgir des sensations qu’il avait oubliées, nonobstant l’ironie du titre. Encore que… Cela lui rappela sa jeunesse urbaine et rock’n’roll, lui fit revenir en bouche le goût de la bière, breuvage rafraîchissant qu’il ingurgitait massivement lors des concerts. Cela lui fit se remémorer les odeurs de sueur, de vieux tabac froid et de bière éventée des gourbis dans lesquels il se rendait alors volontiers prendre des claques soniques. Ouais, il se serait bien tapé une bonne vieille bière et un clope. Mais c’était impossible. She’s Rollin’, trop calme, trop lent, le fit se replonger dans ses pensées. Il se força à revenir à l’écoute du disque, remarquant à quel point les membres du groupe n’hésitaient pas à faire taire leurs instruments, à laisser planer les ambiances, avant de reprendre, qui d’une note en suspens, qui d’une phrase musicale simple mais efficace ou d’un accord plaqué. Tiens, il avait oublié l’harmonica, annonçant une fin de titre cacophonique. Le titre éponyme de l’album déboula comme un chien fou, rythmique punk à l’ancienne, mais sans véritable riff, la guitare restant en outre assez claire. Il en avait des choses à dire, ce chanteur ! Passé l’intermède succédant à l’intensité de ce titre, Robinson ne put que se laisser bercer par la délicatesse d’Instant Disassembly, avant de replonger tête baissée dans l’intensité d’un des points d’orgue du disque, Ducking and Dodging.
L’écoute de ce disque, comme il l’avait souhaité, l’avait électrisé. Il fallait regarder vers l’avenir, et préparer le futur très proche qui se dessinait.
Essayant de repousser ses pensées négatives, il regarda autour de lui. L’intérieur de sa maison était chaleureux, bien que souffrant d’un relatif manque d’entretien, non, plutôt de la difficulté à se procurer les matériaux nécessaires. Il avait pourtant de nombreuses habitations vides alentours, à sa disposition, mais au fil des années, les toits avaient crevé et tout ce qu’ils abritaient avait pourri, rongé par l’humidité, et était devenu inutilisable.
Robinson n’était pas son vrai nom, mais celui qu’il s’était donné au cours de ses discussions avec lui-même. Cela venait d’un vieux livre qu’il avait lu quand il était encore enfant. Depuis longtemps, il se sentait comme un naufragé échoué au milieu d’un océan. Quand lui et sa compagne s’étaient installés dans ce coin rural, au tout début du siècle, ils étaient arrivés avec toutes les illusions de ceux qui, une fois leurs études et pérégrinations urbaines achevées, pensaient retrouver la quiétude et les joies simples des campagnes de leur enfance. Mais ils n’avaient pas compris que la société rurale avait changé, avec une radicalité dont ils n’avaient pas pris la mesure. La bonne vieille polyculture, les prés garnis d’animaux, vaches, chevaux, ânes, même les poulaillers, tous avaient disparu depuis longtemps, au profit de la céréaliculture et autres cultures industrielles intensives. Il fallait garnir les supermarchés. Ils s’attelèrent cependant avec acharnement, et succès, aux cultures potagères, gardant la volonté d’une vie saine et simple. Des enfants naquirent, un, puis deux, qui grandirent dans cet environnement de moins en moins onirique et chargé de produits nocifs engendrés par l’agriculture-business, laquelle grignotait tout, bosquets, bois, forêts, chemins. Sa compagne, dont il ne pouvait évoquer le souvenir sans éprouver un pincement au cœur, l’avait pourtant poussé à partir, plus loin. Robinson pourtant avait toujours refusé, ils avaient bâti, ou plus précisément, restauré leur nid et ils y étaient bien, malgré tout… Puis les enfants avaient attrapé, l’un après l’autre, une saloperie due aux produits « phytosanitaires ». Sanitaire, mon cul… Ils étaient morts presque en même temps, sans que les médecins aient pu faire quoi que ce soit. Les médecins… Il y en avait déjà de moins en moins à l’époque, déjà. Plus personne ne voulait venir exercer dans ces espaces de moins en moins peuplés, de plus en plus laissés à l’écart par les autorités, lesquelles, par souci d’économies, ont rationalisé, « modernisé », l’organisation de la société européenne, concentrant de plus en plus les habitants, les activités, les services, dans des villes toujours davantage étendues et inhospitalières. Quand les enfants moururent, sa compagne se laissa dépérir, et il dut l’enterrer à son tour. S’il l’avait écoutée…. Pas une semaine ne passa, durant ces décennies passées seul, sans qu’il pense à elle et à leurs enfants fauchés par la soif du profit de quelques salopards, par l’absence de réaction de ses contemporains, et par les erreurs, lourdes de conséquences, qu’il avait commises. Il le savait bien, que c’était en partie de sa faute. Il était boursouflé de regrets, et de colère pure aussi. Et il était resté, seul et inconsolable. Les services publics désertèrent progressivement les zones rurales, les derniers habitants à leur suite, ne restèrent bientôt plus que quelques agriculteurs régnant sur des domaines infinis et déserts. Pas pour longtemps : les progrès de la technologie permirent à ceux-ci d’aller vivre de leurs activités dans les villes. Les exploitations étaient désormais entièrement robotisées. De nombreux villages furent rasés pour permettre l’extension des parcelles agricoles, l’expansion des villes exerçant une pression foncière en opposition avec les besoins d’approvisionnement de la population. Certaines zones, vouées à la céréaliculture, furent déclarées inhabitables. On savait quelles étaient les conséquences de l’emploi des pesticides, sans vouloir pourtant y renoncer. Robinson avait refusé d’abord les mutations, puis de suivre les conseils de ses rares amis proches, et enfin d’obéir aux injonctions des autorités, qui le harcelaient pourtant pour qu’il quitte sa maison. Leur maison, ornée de photos des aimés disparus. Et il organisa sa survie. Plus de carburant pour se déplacer, plus de gaz pour la cuisine, plus d’électricité, les réseaux ayant été démontés pour être recyclés. Il réussit à se bricoler une petite centrale hydro-électrique, grâce au ruisseau qui courait dans la pente devant la maison. L’apport en énergie fut complété par quelques panneaux solaires « empruntés » aux maisons abandonnées des voisins déserteurs.
Ah ! Les cons !, ne put-il se retenir de maugréer, comme à chaque fois qu’il pensait à ceux qui avaient écouté les sirènes de la modernité. Les sirènes de la modernité ou la nécessité ? Il n’arrivait même plus à être d’accord avec lui-même sur ce point.
Le peu d’électricité qu’il produisait lui permettait d’obtenir un peu de lumière pour lire ses précieux livres et surtout pour écouter ses disques. Cela suffisait. Ses livres et ses disques, son trésor interdit. Il avait bien subi les visites des inspecteurs de l’Agence Pour La Culture, mais il disposait de tellement d’endroits où dissimuler ce qu’il avait qu’ils finirent par abandonner. Quel danger un homme considéré comme à moitié fou, isolé en pleine zone de déprise, pouvait-il représenter pour la Nouvelle Organisation mise en place par les Agences gouvernementales ? Après quelques années, il avait pu tout ramener dans la maison. C’était tout ce qui restait d’un passé heureux.
Il alla mettre en route l’un de ses rares antidotes à la déprime. Quand il alluma l’amplificateur de sa vieille chaîne audio, les lumières éclairant la maison vacillèrent. Pas assez d’énergie pour tout alimenter, avec son système primaire. Il sorti un vieux vinyle de sa pochette fatiguée. Sunbathing Animal, des Parquet Courts. Les premières notes, dissonantes, grésillèrent sous l’action du vieux diamant, qui tenait désormais davantage de l’aiguille des antiques phonogrammes, puisqu’il n’avait pu le changer depuis bien longtemps, il était si difficile de s’en procurer. Chaque écoute creusait davantage le sillon, il le savait bien. Peut-être aurait-il bientôt une cellule neuve ? Il avait accepté, pour cela, de céder quelques disques. Cela lui avait coûté, mais comment faire autrement? Et puis il attendait beaucoup de ce petit trafic. Risqué, évidemment, mais il pressentait que la lumière viendrait de là.
Un très bon groove punk rock, accompagné d’un chant à la fois bavard et décontracté, envahit le confinement du salon. Accalmies, breaks, puis retour à la mélodie de départ. Accélération avec le second morceau, l’un des meilleurs au goût de Robinson. Etait-ce encore du punk-rock ou déjà du post-punk ? Peu importait, à vrai dire, c’était bon, exactement ce dont il avait besoin. Les stridences des solos, ou de ce qui en faisait fonction, vrillaient un peu ses oreilles fatiguées d’excès. Dear Ramona, bien plus calme, arriva à son secours. Quelle beauté dans le pont marquant une rupture dans la répétitivité lancinante du morceau ! Une des frustrations de Robinson résidait dans son incapacité de à comprendre les textes, mais il s’en consolait en se laissant imprégner par la musique et la mélodie du chant et la tessiture de la voix, à la fois tendue et sans colère, déterminée et nonchalante. La basse chaloupée était admirablement accompagnée des deux guitares, aux phrases musicales un peu bancales, se tournant autour avant de se trouver. C’était véritablement une musique intelligente que Robinson redécouvrait là. Always Back In Town fit ressurgir des sensations qu’il avait oubliées, nonobstant l’ironie du titre. Encore que… Cela lui rappela sa jeunesse urbaine et rock’n’roll, lui fit revenir en bouche le goût de la bière, breuvage rafraîchissant qu’il ingurgitait massivement lors des concerts. Cela lui fit se remémorer les odeurs de sueur, de vieux tabac froid et de bière éventée des gourbis dans lesquels il se rendait alors volontiers prendre des claques soniques. Ouais, il se serait bien tapé une bonne vieille bière et un clope. Mais c’était impossible. She’s Rollin’, trop calme, trop lent, le fit se replonger dans ses pensées. Il se força à revenir à l’écoute du disque, remarquant à quel point les membres du groupe n’hésitaient pas à faire taire leurs instruments, à laisser planer les ambiances, avant de reprendre, qui d’une note en suspens, qui d’une phrase musicale simple mais efficace ou d’un accord plaqué. Tiens, il avait oublié l’harmonica, annonçant une fin de titre cacophonique. Le titre éponyme de l’album déboula comme un chien fou, rythmique punk à l’ancienne, mais sans véritable riff, la guitare restant en outre assez claire. Il en avait des choses à dire, ce chanteur ! Passé l’intermède succédant à l’intensité de ce titre, Robinson ne put que se laisser bercer par la délicatesse d’Instant Disassembly, avant de replonger tête baissée dans l’intensité d’un des points d’orgue du disque, Ducking and Dodging.
L’écoute de ce disque, comme il l’avait souhaité, l’avait électrisé. Il fallait regarder vers l’avenir, et préparer le futur très proche qui se dessinait.