Le rock, sauce catalane // par Lætitia Lacourt
The Limiñanas | La Boule Noire – Paris | 21 mai 2015
La Boule Noire, 20h30 : blousons de cuirs noirs élimés, boots avachies par de longues années de bitume, pinte de bière fraiche : tous les rockers dont le côté yé-yé emmerde le monde sont là pour accueillir Marie et Lionel Limiñana. Groupe protéiforme avec des invités aléatoires, le couple fondateur n’est jamais seul sur scène : en général cinq, dont une chanteuse, avec parfois trois guitares. Ca fonctionne un peu comme un pochette surprise des années 70, et ce soir, la surprise était estampillée garçon : au chant, il y a Nika Leeflang, une hollandaise qui pourrait être italienne avec des yeux de biches dont toute la gente masculine présente dans la salle doit se souvenir encore.
Le groupe entame le set avec « Migas 2000 », une recette de boulettes qu’il faut amoureusement remuer 2h durant, avant de déguster. A la façon dont Nika susurre le mot boulette, on comprend vite que les 30-50 ans présents cuisineraient bien un petit truc à l’arrache après le concert. Les filles se contenteront, elles, de constater qu’on ne reconnaît pas cette jolie voix, et pour cause, ce n’est pas celles qu’on a l’habitude d’entendre sur les titres enregistrés.
Dans ce quintet soudé, Nika n’a rien envier aux autres copines des Limiñanas (Muriel Margail, Nadège Figuerola, Francesca Cusimano…), enchaînant les mélodies imparables qui ont forgé leur excentricité. Curieusement, si tous les ingrédients sont présents, la sauce n’a pas l’air de prendre sur les premières 30 minutes. Si ce n’est quand même ce puissant « I Miei Occhi Sono I Tuoi Occhi » qui pourrait nous renvoyer aux côtés de Marcello Mastroianni dans Divorce à l’Italienne. Et c’est justement là que se situe le jet-lag entre les albums et la scène : la musique des Limañanas est si fantasmée, renvoie à une imagerie sixties si puissante, fait tellement bander le moindre cinéphile que l’on se demande presque ce que l’on fout dans ce concert, en 2015.
C’est tout le talent du groupe et pas le seul.
La seconde partie du concert voit Pascal Comelade faire son entrée, dans une belle chemise à pois : le show prend une tournure nettement plus électrique. On ressent immédiatement le plaisir de la collaboration entre les deux artistes catalans, qui appuient dignement sur la pédale avec leur Traité de guitarres trioléctiques. Sinon ensablées, nos portugaises deviennent alors vraiment enfuzzées. Une belle envolée qui se clôturera sur « Betty et Johnny » : pas de cœur brisé sous les cocotiers ce soir mais le regret quand même de l’absence de la voix masculine des Limiñanas, au timbre gainsbourien, indispensable sur un titre comme « Votre côté yé-yé m’emmerde ».
La Boule Noire, 20h30 : blousons de cuirs noirs élimés, boots avachies par de longues années de bitume, pinte de bière fraiche : tous les rockers dont le côté yé-yé emmerde le monde sont là pour accueillir Marie et Lionel Limiñana. Groupe protéiforme avec des invités aléatoires, le couple fondateur n’est jamais seul sur scène : en général cinq, dont une chanteuse, avec parfois trois guitares. Ca fonctionne un peu comme un pochette surprise des années 70, et ce soir, la surprise était estampillée garçon : au chant, il y a Nika Leeflang, une hollandaise qui pourrait être italienne avec des yeux de biches dont toute la gente masculine présente dans la salle doit se souvenir encore.
Le groupe entame le set avec « Migas 2000 », une recette de boulettes qu’il faut amoureusement remuer 2h durant, avant de déguster. A la façon dont Nika susurre le mot boulette, on comprend vite que les 30-50 ans présents cuisineraient bien un petit truc à l’arrache après le concert. Les filles se contenteront, elles, de constater qu’on ne reconnaît pas cette jolie voix, et pour cause, ce n’est pas celles qu’on a l’habitude d’entendre sur les titres enregistrés.
Dans ce quintet soudé, Nika n’a rien envier aux autres copines des Limiñanas (Muriel Margail, Nadège Figuerola, Francesca Cusimano…), enchaînant les mélodies imparables qui ont forgé leur excentricité. Curieusement, si tous les ingrédients sont présents, la sauce n’a pas l’air de prendre sur les premières 30 minutes. Si ce n’est quand même ce puissant « I Miei Occhi Sono I Tuoi Occhi » qui pourrait nous renvoyer aux côtés de Marcello Mastroianni dans Divorce à l’Italienne. Et c’est justement là que se situe le jet-lag entre les albums et la scène : la musique des Limañanas est si fantasmée, renvoie à une imagerie sixties si puissante, fait tellement bander le moindre cinéphile que l’on se demande presque ce que l’on fout dans ce concert, en 2015.
C’est tout le talent du groupe et pas le seul.
La seconde partie du concert voit Pascal Comelade faire son entrée, dans une belle chemise à pois : le show prend une tournure nettement plus électrique. On ressent immédiatement le plaisir de la collaboration entre les deux artistes catalans, qui appuient dignement sur la pédale avec leur Traité de guitarres trioléctiques. Sinon ensablées, nos portugaises deviennent alors vraiment enfuzzées. Une belle envolée qui se clôturera sur « Betty et Johnny » : pas de cœur brisé sous les cocotiers ce soir mais le regret quand même de l’absence de la voix masculine des Limiñanas, au timbre gainsbourien, indispensable sur un titre comme « Votre côté yé-yé m’emmerde ».