Interview // Par M.Arty
Pitshark a 15 ans d’existence, peux tu nous raconter l’origine du label ?
A l'époque, j'étais encore sur Paris. Un pote, Fred, a lancé son propre label, Ghostrider Records, pour sortir un album solo de Mr Ratboy. Je me suis alors rendu compte que c'était possible de sortir des disques sur le mode "Do It Yourself"... Fred m'a filé le contact de GZ, célèbre presseur en Tchéquie, et j'ai donc lancé Pitshark Records.
Quelle était l’envie de départ en créant Pitshark ? Comment a évolué le label ?
L'envie, c'était juste de faire partie du truc. De sortir des disques dont je pourrais être fier, et qui plairaient à des gens comme moi... J'ai toujours été du genre à faire plutôt qu'à subir. Créer un label du genre de Sonic Records, ou de Closer (qui est revenu), était un objectif, même si je n'en avais pas conscience au départ. Je voulais au moins sortir un disque, ç'aurait déjà été génial...
Alors tout simplement, j'ai écrit à une quinzaine de groupes, par courrier, car internet n'était pas encore très développé. Et Robert "Hellacopters" le batteur du groupe m'a gentiment répondu que pour les Hellacopters, ce n'était pas possible, trop de singles édités partout... Mais que son autre groupe, les Sewergrooves, étaient OK pour un single... J'en ai honte aujourd'hui, mais je dois bien l'avouer : je ne connaissais pas encore les Sewergrooves !!! J'ai rapidement comblé ce handicap, et j'ai sauté sur l'occasion.
Le premier 7" est sorti. Je n'oublierai jamais le soir où je suis allé au dépôt de TNT en région parisienne. J'ai carrément ouvert un colis dans le dépôt et sorti un 7" de la boîte... C'était juste merveilleux de voir le premier disque de Pitshark Records... Côté "technique", les vinyles étaient fabriqués chez GZ, les pochettes étaient fabriquées par un pote qui bossait dans une imprimerie. Je numérotais toutes les pochettes à la main, pliais les pochettes et insérais tout ça dans des pochettes plastiques...
Le second groupe m'a contacté en direct, et venait aussi de Suède. La Suède a été grande pourvoyeuse de groupes pour mon label. Comme l'Australie... C'étaient les Space Cowboys. Toujours pour un 7". Puis les Cantankerous, mon premier groupe Australien, qui n'étaient autre que les Seminal Rats sans Mick Weber, malheureusement décédé... Ensuite, le premier groupe français, The Jerry Spider Gang, de Toulouse.
Le disque suivant, les Yes-Men est sorti malgré le décès du chanteur-guitariste-compositeur, Sean Greenway. J'étais en contact avec lui via internet (qui avait fini par arriver !!)... Hélas, un sale jour, un mail de sa compagne m'apprenait sa disparition... En accord avec les autres membres du groupe et la famille, j'ai tout de même réalisé ce disque, comme un hommage, et surtout comme une putain de bonne galette !!
Ensuite, ça a toujours été un mélange de sollicitations des groupes de ma part, ou de propositions venant d'eux... Je ne suis pas quelqu'un de compliqué et mon label est avant tout un passe-temps. Oui, je sais bien que ça peut paraître bizarre, mais j'ai un boulot et l'argent investit ne l'est pas pour me rapporter des bénéfices. Je suis collectionneur de disques depuis 35 ans maintenant. Et j'ai juste contribué à auto-alimenter ma passion...
Parle nous un peu de la couleur musicale de Pitshark ?
C'est ultra-simple : mes propres goûts musicaux ! Si j'aime, je fais. Sinon, je décline poliment. Bon, je reconnais, il y a un disque que je n'aime pas trop... Mais je ne dirai pas lequel, c'est de l'histoire ancienne...
La "ligne" c'est quand même rock-garage-punk. En général, c'est quand même du costaud. Je me souviens avoir refusé de sortir un 7" des Supersuckers parce que c'était de la country... Bon, de la country à la sauce des SSK, c'est quand même pêchu, mais j'ai pensé à l'époque que les gens qui achetaient mes disques ne comprendraient pas. Aujourd'hui, je ne poserais plus la question et je sortirais ce disque. Parce qu'il était vraiment excellent... J'ai aussi refusé de sortir un split des Supersuckers (encore eux !) et des Hangmen... Du coup il est sorti chez Bootleg Booze et a cartonné !! Mais bon, aucun intérêt pour moi, je n'ai jamais aimé les splits !!!
Tu as des signatures impressionnantes sur Pitshark (The stooges, Motörhead, The nomads,…), peux tu nous raconter l’histoire de ces collaborations ?
Là, tu risques d'être déçu... Effectivement, les Stooges et Motörhead, ça claque grave... Mais en fait, je n'ai rien fait d'autre que de payer la licence à Skydog Records... Je me suis fait plaisir en fait, sortir un Stooges, un Motörhead !! Pour le Nomads, c'était bien plus simple... L'an dernier, j'ai voulu faire un single-club... Un 7" par mois pendant un an, limité à 100 exemplaires numérotés, sur abonnement uniquement... J'ai contacté 12 groupes et donc au final, 12 singles ont vu le jour. Les Nomads en font partie. J'avais déjà contacté Nick, le chanteur du groupe, peu avant la sortie de leur dernier album en date (Solna), ce coup-ci, pour le single club, ça a fonctionné. Les Nomads sont vraiment des gens très sympa... Nick m'a même recommandé de contacter SATOR pour ce club, ce qui a abouti également... Pitshark a toujours été un label artisanal, et underground... Les "grosses pointures" ne sont pas vraiment représentatives de l'esprit...
Difficile de trouver des informations sur Pitshark (je ne savais même pas que c’était un label français), pourquoi cette discrétion sur la toile ?
Je ne suis pas très doué pour la promotion... Il y a mon site, et basta. Il est en anglais parce que je considère que ça n'apporterait rien de faire une version française. Comme je développe moi-même le site, ça me ferait du boulot en plus... Non merci... Je pense que les gens qui aiment la même musique que moi, sont forcément tôt ou tard en contact avec Pitshark. Merci à internet, d'ailleurs...
Comment as tu vécu l’arrivée du MP3, du Streaming,… ?
Bôf. Ca ne me concerne pas. Je vois bien que c'est de plus en plus difficile d'écouler les stocks de disques "physiques" mais bon, je ne connais pas la ou les causes de cette difficulté. Et au fond, je m'en fiche un peu. Je sais que je finirai par écouler mon stock un jour... Ce sera peut-être un peu long !!!!
Tu es là depuis longtemps, pour toi le boulot de label a-t-il changé ?
Je ne sais pas. Je ne suis pas sur de pouvoir être considéré comme un "vrai" label... En tout cas, je bosse toujours de la même façon. C'est du "do it yourself" pur et dur, surtout pour les 7" du single club, par exemple, que j'ai toutes massicotées, numérotées, pliées, et mises sous pochette avec les disques. Pour le reste, la promo et la distro, c'est également de l'artisanat...
Comment te situes-tu par rapport à la vague de micro-label rock qui déboule ?
Je ne me situe pas. Tant mieux si de nouveaux labels arrivent et sortent des trucs. Et c'est pas parce que je suis là depuis 15 ans que ces petits nouveaux ne font pas mieux que moi ! Il y a beaucoup de groupes et de la place pour tous. Enfin je crois...
Elli de Mon est ta dernière signature, peux tu nous présenter cette artiste, ce disque et votre rencontre ?
Elli est une artiste Italienne. Je l'ai découverte via Facebook. Et j'ai adoré sa musique et sa façon de chanter. Ca correspondait peut-être aussi à une envie de sortir un truc un peu différent, moins "rentre-dedans" que les productions habituelles de Pitshark... Il se trouve que je suis arrivé au bon moment, alors qu'elle préparait son deuxième album. Elle me fait penser à un gars que j'adore, The Legendary Tigerman (Portugal), c'est un peu son pendant féminin... Mais ça n'engage que moi :)
Pour conclure, tu m’a dit que tu mettais la clé sous la porte, peux tu nous dire pourquoi ?
Question difficile. Un peu de lassitude, le manque d'intérêt des gens, mon grand âge... L'envie de faire autre chose, comme écrire, ou m'essayer au court métrage... Ecrire, j'ai déjà commencé et j'ai auto-édité (une seconde nature, chez moi, le DIY) deux recueils de nouvelles plutôt "râpeuses"... Et puis il y a effectivement des gens qui font et feront le boulot à ma place... Alors je peux lâcher l'affaire sans trop de remords ou de regrets... Mais bon, je pense qu'il y aura quand même quelques surprises de temps en temps, genre "one-shot"... Pitshark remontrera certainement le bout de son nez un de ces quatre...
A l'époque, j'étais encore sur Paris. Un pote, Fred, a lancé son propre label, Ghostrider Records, pour sortir un album solo de Mr Ratboy. Je me suis alors rendu compte que c'était possible de sortir des disques sur le mode "Do It Yourself"... Fred m'a filé le contact de GZ, célèbre presseur en Tchéquie, et j'ai donc lancé Pitshark Records.
Quelle était l’envie de départ en créant Pitshark ? Comment a évolué le label ?
L'envie, c'était juste de faire partie du truc. De sortir des disques dont je pourrais être fier, et qui plairaient à des gens comme moi... J'ai toujours été du genre à faire plutôt qu'à subir. Créer un label du genre de Sonic Records, ou de Closer (qui est revenu), était un objectif, même si je n'en avais pas conscience au départ. Je voulais au moins sortir un disque, ç'aurait déjà été génial...
Alors tout simplement, j'ai écrit à une quinzaine de groupes, par courrier, car internet n'était pas encore très développé. Et Robert "Hellacopters" le batteur du groupe m'a gentiment répondu que pour les Hellacopters, ce n'était pas possible, trop de singles édités partout... Mais que son autre groupe, les Sewergrooves, étaient OK pour un single... J'en ai honte aujourd'hui, mais je dois bien l'avouer : je ne connaissais pas encore les Sewergrooves !!! J'ai rapidement comblé ce handicap, et j'ai sauté sur l'occasion.
Le premier 7" est sorti. Je n'oublierai jamais le soir où je suis allé au dépôt de TNT en région parisienne. J'ai carrément ouvert un colis dans le dépôt et sorti un 7" de la boîte... C'était juste merveilleux de voir le premier disque de Pitshark Records... Côté "technique", les vinyles étaient fabriqués chez GZ, les pochettes étaient fabriquées par un pote qui bossait dans une imprimerie. Je numérotais toutes les pochettes à la main, pliais les pochettes et insérais tout ça dans des pochettes plastiques...
Le second groupe m'a contacté en direct, et venait aussi de Suède. La Suède a été grande pourvoyeuse de groupes pour mon label. Comme l'Australie... C'étaient les Space Cowboys. Toujours pour un 7". Puis les Cantankerous, mon premier groupe Australien, qui n'étaient autre que les Seminal Rats sans Mick Weber, malheureusement décédé... Ensuite, le premier groupe français, The Jerry Spider Gang, de Toulouse.
Le disque suivant, les Yes-Men est sorti malgré le décès du chanteur-guitariste-compositeur, Sean Greenway. J'étais en contact avec lui via internet (qui avait fini par arriver !!)... Hélas, un sale jour, un mail de sa compagne m'apprenait sa disparition... En accord avec les autres membres du groupe et la famille, j'ai tout de même réalisé ce disque, comme un hommage, et surtout comme une putain de bonne galette !!
Ensuite, ça a toujours été un mélange de sollicitations des groupes de ma part, ou de propositions venant d'eux... Je ne suis pas quelqu'un de compliqué et mon label est avant tout un passe-temps. Oui, je sais bien que ça peut paraître bizarre, mais j'ai un boulot et l'argent investit ne l'est pas pour me rapporter des bénéfices. Je suis collectionneur de disques depuis 35 ans maintenant. Et j'ai juste contribué à auto-alimenter ma passion...
Parle nous un peu de la couleur musicale de Pitshark ?
C'est ultra-simple : mes propres goûts musicaux ! Si j'aime, je fais. Sinon, je décline poliment. Bon, je reconnais, il y a un disque que je n'aime pas trop... Mais je ne dirai pas lequel, c'est de l'histoire ancienne...
La "ligne" c'est quand même rock-garage-punk. En général, c'est quand même du costaud. Je me souviens avoir refusé de sortir un 7" des Supersuckers parce que c'était de la country... Bon, de la country à la sauce des SSK, c'est quand même pêchu, mais j'ai pensé à l'époque que les gens qui achetaient mes disques ne comprendraient pas. Aujourd'hui, je ne poserais plus la question et je sortirais ce disque. Parce qu'il était vraiment excellent... J'ai aussi refusé de sortir un split des Supersuckers (encore eux !) et des Hangmen... Du coup il est sorti chez Bootleg Booze et a cartonné !! Mais bon, aucun intérêt pour moi, je n'ai jamais aimé les splits !!!
Tu as des signatures impressionnantes sur Pitshark (The stooges, Motörhead, The nomads,…), peux tu nous raconter l’histoire de ces collaborations ?
Là, tu risques d'être déçu... Effectivement, les Stooges et Motörhead, ça claque grave... Mais en fait, je n'ai rien fait d'autre que de payer la licence à Skydog Records... Je me suis fait plaisir en fait, sortir un Stooges, un Motörhead !! Pour le Nomads, c'était bien plus simple... L'an dernier, j'ai voulu faire un single-club... Un 7" par mois pendant un an, limité à 100 exemplaires numérotés, sur abonnement uniquement... J'ai contacté 12 groupes et donc au final, 12 singles ont vu le jour. Les Nomads en font partie. J'avais déjà contacté Nick, le chanteur du groupe, peu avant la sortie de leur dernier album en date (Solna), ce coup-ci, pour le single club, ça a fonctionné. Les Nomads sont vraiment des gens très sympa... Nick m'a même recommandé de contacter SATOR pour ce club, ce qui a abouti également... Pitshark a toujours été un label artisanal, et underground... Les "grosses pointures" ne sont pas vraiment représentatives de l'esprit...
Difficile de trouver des informations sur Pitshark (je ne savais même pas que c’était un label français), pourquoi cette discrétion sur la toile ?
Je ne suis pas très doué pour la promotion... Il y a mon site, et basta. Il est en anglais parce que je considère que ça n'apporterait rien de faire une version française. Comme je développe moi-même le site, ça me ferait du boulot en plus... Non merci... Je pense que les gens qui aiment la même musique que moi, sont forcément tôt ou tard en contact avec Pitshark. Merci à internet, d'ailleurs...
Comment as tu vécu l’arrivée du MP3, du Streaming,… ?
Bôf. Ca ne me concerne pas. Je vois bien que c'est de plus en plus difficile d'écouler les stocks de disques "physiques" mais bon, je ne connais pas la ou les causes de cette difficulté. Et au fond, je m'en fiche un peu. Je sais que je finirai par écouler mon stock un jour... Ce sera peut-être un peu long !!!!
Tu es là depuis longtemps, pour toi le boulot de label a-t-il changé ?
Je ne sais pas. Je ne suis pas sur de pouvoir être considéré comme un "vrai" label... En tout cas, je bosse toujours de la même façon. C'est du "do it yourself" pur et dur, surtout pour les 7" du single club, par exemple, que j'ai toutes massicotées, numérotées, pliées, et mises sous pochette avec les disques. Pour le reste, la promo et la distro, c'est également de l'artisanat...
Comment te situes-tu par rapport à la vague de micro-label rock qui déboule ?
Je ne me situe pas. Tant mieux si de nouveaux labels arrivent et sortent des trucs. Et c'est pas parce que je suis là depuis 15 ans que ces petits nouveaux ne font pas mieux que moi ! Il y a beaucoup de groupes et de la place pour tous. Enfin je crois...
Elli de Mon est ta dernière signature, peux tu nous présenter cette artiste, ce disque et votre rencontre ?
Elli est une artiste Italienne. Je l'ai découverte via Facebook. Et j'ai adoré sa musique et sa façon de chanter. Ca correspondait peut-être aussi à une envie de sortir un truc un peu différent, moins "rentre-dedans" que les productions habituelles de Pitshark... Il se trouve que je suis arrivé au bon moment, alors qu'elle préparait son deuxième album. Elle me fait penser à un gars que j'adore, The Legendary Tigerman (Portugal), c'est un peu son pendant féminin... Mais ça n'engage que moi :)
Pour conclure, tu m’a dit que tu mettais la clé sous la porte, peux tu nous dire pourquoi ?
Question difficile. Un peu de lassitude, le manque d'intérêt des gens, mon grand âge... L'envie de faire autre chose, comme écrire, ou m'essayer au court métrage... Ecrire, j'ai déjà commencé et j'ai auto-édité (une seconde nature, chez moi, le DIY) deux recueils de nouvelles plutôt "râpeuses"... Et puis il y a effectivement des gens qui font et feront le boulot à ma place... Alors je peux lâcher l'affaire sans trop de remords ou de regrets... Mais bon, je pense qu'il y aura quand même quelques surprises de temps en temps, genre "one-shot"... Pitshark remontrera certainement le bout de son nez un de ces quatre...