Songs For Our Mothers (Fat Possum Records) // par Nicolas Gougnot
La musique de Fat White Family respire les trucs pas cools. Ça suinte la cuite triste, l’absence de perspective, le systématique dans la murge dans un appart’ cradingue aux murs jaunis par des générations de fumeurs.
Ça suinte le vieux foutre et le sexe brutal et morne devant un film porno. Ça exsude l’absence d’amour propre et de respect de soi-même.
Les traces huileuses des pizzas souillent les vieux emballages en carton. Ça sent le graillon sur le palier. La télé gueule. Les résidents s’engueulent. Plutôt pour se prouver qu’ils existent, d’ailleurs. Et ça sent aussi le vieux PMU, sur le palier. Anisette-clope, le Chanel n°5 du désespoir.
Ça pue la pisse sous le porche de l’immeuble aux fondations rongées par une végétation de cloaque, mousse verdâtre, rampante sur la pierre noircie d’humidité.
Sur le parking, en bas, il y a toujours la vieille bagnole, sur cales, dépouillée, les vitres brisées comme les existences humaines alentour.
Il pleut dans la bouche du débile qui reste planté là, toute la journée, à regarder passer les rares voitures en état de marche.
Il pleut sur la capuche rabattue par-dessus la casquette du fournisseur de voyage chimique vers les paradis frelatés.
Il pleut sur ces femmes aux yeux tombants, cernés de noir, auxquelles s’accrochent des grappes d’enfants trop maigres aux pantalons camouflage.
Il pleut sur les fumeurs silencieux et gris qui délaissent temporairement leur ballon de vin blanc, les jeux de hasard et les paris sportifs, pour sortir s’en griller une.
Il pleut sur le type au regard mort, le cerveau grillé par les acides, qui demande à chaque passant pressé, à la tête rentrée dans les épaules, s’il aurait pas une clope, steuplait.
Il pleut et quoi qu’il arrive, ça pue.
Ça schlingue la vieille morte depuis trois semaines, oubliée de tous et à moitié bouffée par ses douze chats. Et pourtant, vendredi soir, on sera au pub, au bar ou en boîte, à se démonter la gueule et à se trémousser, le short ras la moule, sur la musique à fond, convaincus qu’on s’amuse.
Même si c’est pour déconner, ça renifle la tentation pour le pas de l’oie de l’autocratisme rampant, fétide avatar des totalitarismes vaincus, cataplasme chimérique sur la plaie purulente de la résignation collective et de la peur de l’autre.
Ça sent les villes décaties des zones de déprise, les ZUP des villes moyennes, les quartiers dits sensibles, sombres périphéries des métropoles mondialisées et lumineuses. Ça sent la dégringolade inéluctable. Ça sent la défaite.
Fat White Family, c’est la bande-son de l’ethnologie des déclassés européens. Tristes psychotropiques.
Ça suinte le vieux foutre et le sexe brutal et morne devant un film porno. Ça exsude l’absence d’amour propre et de respect de soi-même.
Les traces huileuses des pizzas souillent les vieux emballages en carton. Ça sent le graillon sur le palier. La télé gueule. Les résidents s’engueulent. Plutôt pour se prouver qu’ils existent, d’ailleurs. Et ça sent aussi le vieux PMU, sur le palier. Anisette-clope, le Chanel n°5 du désespoir.
Ça pue la pisse sous le porche de l’immeuble aux fondations rongées par une végétation de cloaque, mousse verdâtre, rampante sur la pierre noircie d’humidité.
Sur le parking, en bas, il y a toujours la vieille bagnole, sur cales, dépouillée, les vitres brisées comme les existences humaines alentour.
Il pleut dans la bouche du débile qui reste planté là, toute la journée, à regarder passer les rares voitures en état de marche.
Il pleut sur la capuche rabattue par-dessus la casquette du fournisseur de voyage chimique vers les paradis frelatés.
Il pleut sur ces femmes aux yeux tombants, cernés de noir, auxquelles s’accrochent des grappes d’enfants trop maigres aux pantalons camouflage.
Il pleut sur les fumeurs silencieux et gris qui délaissent temporairement leur ballon de vin blanc, les jeux de hasard et les paris sportifs, pour sortir s’en griller une.
Il pleut sur le type au regard mort, le cerveau grillé par les acides, qui demande à chaque passant pressé, à la tête rentrée dans les épaules, s’il aurait pas une clope, steuplait.
Il pleut et quoi qu’il arrive, ça pue.
Ça schlingue la vieille morte depuis trois semaines, oubliée de tous et à moitié bouffée par ses douze chats. Et pourtant, vendredi soir, on sera au pub, au bar ou en boîte, à se démonter la gueule et à se trémousser, le short ras la moule, sur la musique à fond, convaincus qu’on s’amuse.
Même si c’est pour déconner, ça renifle la tentation pour le pas de l’oie de l’autocratisme rampant, fétide avatar des totalitarismes vaincus, cataplasme chimérique sur la plaie purulente de la résignation collective et de la peur de l’autre.
Ça sent les villes décaties des zones de déprise, les ZUP des villes moyennes, les quartiers dits sensibles, sombres périphéries des métropoles mondialisées et lumineuses. Ça sent la dégringolade inéluctable. Ça sent la défaite.
Fat White Family, c’est la bande-son de l’ethnologie des déclassés européens. Tristes psychotropiques.