Un élégant au château // James ELEGANZ [LIVE]

Château de La Rivoire (07) - 03 juillet 2021
          Samedi 03 juillet 2021, pour son premier concert post confinement, la SMAC 07 avait invité James ELEGANZ au Château de la Rivoire. Emotion palpable.

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XXXXXXXXXXXXXXXXXXX Bienvenue ! XXXXXXXXXXXXXXXXXXXX


           En Ardèche, lorsque l’on invite, on ne fait pas les choses à moitié, surtout quand c’est pour des bretons, nos alter-ego. Et pour James ELEGANZ, il lui fallait un décor à sa hauteur. Et quel décor magnifique ! Un château du 18ème siècle, restauré depuis une vingtaine d’années par une amoureuse de la musique, perdu dans un écrin de verdure. Ça fait peut être cliché, mais c’est la pure vérité. Des pièces d’une hauteur sous-plafond vertigineuse et à l’acoustique parfaite, habillées d’un mobilier, d’objets, de tissus d’époque. Tout est là pour un voyage temporel.
 

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Dépaysement musical 

James ELEGANZ se glisse parfaitement dans ce lieu. C’est en formule duo avec Yann CHEHU, le chanteur (ex-chanteur du groupe SUCCESS)  et le guitariste Gaëtan GRANDJEAN, qu’il se présente à nous. La salle, aux murs vieillis et patinés de chaleur rouge orangée a ses 70 chaises occupées, certains restent même debout (quoi, un concert debout ?! ). Le public est là. Tout le monde a hâte de revivre les concerts live. Tout le monde a hâte d’écouter de la folk américaine dans sa plus pure tradition. Mais pas n’importe laquelle car les bretons sont allés enregistrer la majeure des titres du set de ce soir, et extraits de l’album The only one, dans le mythique studio Rancho de La Luna, au milieu des cactus de Joshua Tree, avec Toby DAMMIT (claviériste occasionnel des BAD SEEDS et, entre autres, batteur d’Iggy POP) et Mike WATT (bassiste des MINUTEMEN et désormais des STOOGES). Tout est là pour un voyage musical.
 
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Chaud, chaud

Un concert de James ELEGANZ s’écoute et se regarde. L’atmosphère est chaude, intense et cosy. Gaëtan - tout de noir vêtu, à la coupe parfaite et à la guitare argentée -, joue avec brio, sensibilité. Ses yeux ne quittent pas l’interprète. Le duo fonctionne à merveille, la complicité est évidente. Yann et son look mi américain-mi dandy (NDLR : est-ce incompatible ? ), joue avec sa voix, magnifiée par l’acoustique du lieu. Lui qui adore les endroits atypiques pour enregistrer ailleurs que dans un studio, comme récemment dans la villa les Roches Brunes de Dinard (album de reprises et inédits Session to session (Vol​.​1​)​ : Les Roches Brunes, Dinard, France sorti fin juin 2021), est aux anges....
 
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C'est parti !

James ELEGANZ aka Yann CHEHU nous offre alors une country folk-americana épurée, personnelle, étrange, forte. Son personnage oscille entre virilité et romantisme. Les yeux souvent fermés, les mains virevoltantes, les gestes amples, et une voix à la fois chaude et sombre.
The only one ouvre le bal. Superbe mélodie qui annonce le fil directeur : la femme. Cette femme qui le hante, comme un fantôme, depuis qu’il écrit dans une sorte d’attraction-répulsion. Il met en scène, peu à peu, l’extravagance de son jeu intérieur. Avec Hide away il ose de subtils et torrides déhanchements sur un rythme de bossa. The C.C. Motel Heights, une inédite de Session to session nous amène loin, dans cette Amérique de l’Ohio. Better man arrive nonchalamment. Puis Charlie Pie, une de mes préférées. Guitares électrique et acoustique s’accordent l’une à l’autre, des mots chantés dans un souffle, des silences. On entend les mouches ardéchoises voler. Les pieds des spectateurs se mettent à suivre le rythme, le haut des corps se balance. On y est. On se laisse emporter.
Mais la ballade déjantée Every time I’m with you vient vite me sortir de ma rêverie. Calme et frénésie se succèdent dans cette reprise habitée de SPARKLEHORSE (et de DANGER MOUSE ; chantée par Jason LYTLE de GRANDADDY, sur le projet Lynchien Dark night of the soul, NDLR).

Bon, je ne vais pas passer tous les titres en revue ( il y en a 16 ! ). Et je vais changer quelque peu l’ordre de la tracklist.
 
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James ELEGANZ reprend aussi The horse song d’Iggy POP (NDLR : excellent choix ! Un titre à redécouvrir, tout comme l'album Zombie Birdhouse dont il est issu) et l’intense True love will find you de Daniel JOHNSTON. Ces reprises sont des hommages, expriment ses influences profondes et sa sensibilité. C’est «une façon de payer son dû».
Mentions spéciales pour Forgive me, Forget me, à la fois mélancolique et sauvage, une chanson qui puise dans les grands classiques du rock et de la folk - et pour l’inédite composée avec Bertrand BURGALAT, Holy grail (A prayer) qu’il chante ici pour la première fois et qui paraîtra dans un album au printemps 2022.
Moi qui aime les histoires d’étoiles et de lune (Et oui ! ) je suis servie par Lasso to the moon. J’allais oublier Walking the cow, une rhumba, sans refrain ni couplet, qui nous transporte dans l’univers d’Ennio MORRICONE, pendant laquelle James ELEGANZ esquisse (avec sérieux) des pas de danse, chaloupe avec l’ombre portée, face au mur. Cet homme est décidément un grand séducteur. Macho ? Oh que non ! Ne vous méprenez pas. ET PAF ! Il nous refait le coup sur The last walk : avec un regard halluciné il chante la femme devenue ici chaos, l’amour destructeur. On est proche de l’hystérie chère à Andrej ZULAWSKY. Les spectateurs sont stupéfaits et enchantés. C’est la fin du set.
On le rappelle, forcément, on en veut encore ! L’artiste nous joue alors, pour la première fois, un autre titre inédit (Don’t wanna seek you), seul à la guitare acoustique. On se calme.

Le concert est fini. Ça applaudit, ça siffle, ça lance des « Bravo ! ». Public et artistes sont ravis. Ce concert fut un voyage suspendu en quête de beauté. Beauté de la musique, des mots, des émotions. Beauté de l’instant et du lieu. Il me vient cette citation de STENDHAL : « La bonne musique ne se trompe pas, et va droit au fond de l’âme chercher le chagrin qui nous dévore » in Vies de Haydn, Mozart et Métastase (1815). Je trouve qu’elle colle bien à cette expérience. Après ce concert, j’ai partagé un repas aux chandelles avec les artistes , la châtelaine et des amis bénévoles de la SMAC 07, mais ça, c’est une autre histoire.
 

Le Cri de la Mouette

(22 août 2021)

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James ELEGANZ. The only one (ZRP, 2019)
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Pour prolonger...

James ELEGANZ : Bandcamp
The making of Session to session (Vol. 1)

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Photographies : Le Cri de la Mouette, ZRP
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