Heaters

Holy Water Pool (Beyond Beyond Is Beyond Records) // par Nicolas Gougnot
L’ironie de l’histoire, c’est quand on se dit  dimanche 15 novembre 2015 que tiens, ça fait longtemps qu’on n’a pas vraiment écouté de musique et qu’en ces temps de merde, c’est pourtant indispensable. 
L’ironie de l’histoire, c’est quand on se dit que c’est peut-être le moment de jeter une nouvelle oreille sur le dernier album d’Eagles Of Death Metal, parce que the show must go on, hommage et tout et tout.
L’ironie de l’histoire, c’est de constater que ce disque ne m’intéresse absolument pas, mais d’être pour autant incapable de l’effacer du disque dur de l’ordinateur.
L’ironie de l’histoire, c’est de se dire que rhô ben dis-donc, il y a tous ces albums que je n’ai pas encore écoutés dans la dernière livraison Casbah, tous ces efforts que je n’ai pas encore chroniqués et que c’est peut-être le moment de résister par tous les moyens, même futiles, à l’imbécilité cruelle de puceaux barbus.
L‘ironie de l’histoire, c’est  de tomber sous le charme de l’album des Heaters, psyché éthéré et néanmoins bruyant, à l’originalité relative mais aux compositions plaisantes et bien troussées, à la mélancolie saturée parfaitement adaptée à l’abattement qui nous frappe et de s’apercevoir ensuite que le premier titre est baptisé Kamikaze. Je vous jure que c’est vrai.
L’ironie de l’histoire, et c’est peut-être la force des circonstances comme celles que nous vivons collectivement, c’est  de nous faire comprendre qu’il faut impérativement continuer à vivre malgré le choc incrédule (pour les plus chanceux) et la douleur insupportable (pour les plus directement concernés par cette explosion de violence gratuite) et que cela passe aussi par les petits plaisirs procurés par l‘insouciance, par la fête,  par la musique, si anecdotique soit-elle, par un verre de bière comme par trop de verres d’alcool, et aussi par le rire et l’humour noir. 
Malgré l’insondable tristesse d’un jour où, à travers d’autres, nous avons tous été explicitement visés, puisque « Le rock c’est la Fête » (Lester Bangs tenait à cette majuscule), mais pas forcément le bon goût, Heaters, Kamikaze, donc…

+++++ English Version +++++ Oscar Mavioch ++++

The most ironic is when sunday (the 15th of November 2015) you remember that you haven't heard music since a while and you know how indispensable it is in those muddy times.
The most ironic is when you think it's maybe the time to listen the last Eagles Of Death Metal album, because « the show must go on », tribute and other shits.
The most ironic is to realise that you're not interested at all by this album but you're totally unable to delete it from your hard disc.
The most ironic is to realise how-many-fucking-new-discs-are-they-in-the-casbah-dropbox -you-haven't-heard-about, all-those-efforts-unchroniquied-yet and that it's maybe time to resist by any way, as futiles, to the cruel imbecility of bearded-maids.
The most ironic is to get charmed by the Heaters, serving you a psychedelic and noisy rock on an ethered plate, not so original but with likely and well made compositions, with a saturated melancholy which is perfectly adapted to the collective dejection and, suddenly, you notice that the first track is called « Kamikaze ». I swear it's true.
The most ironic, and it is maybe the strength of the circumstances that we all live, is to make us realise that we imperatively must going ahead inspite of the uncredulous shock (for the luckiest) et the unsupportable pain (for the most directly concerned by this free violent explosion) and we'll make it by the little pleasures of recklessness, by the parties, by the music, as anecdotic as she is, by a drink of beer or a pissed-off night, and also by laughters and black humour.
Despite of the unfathomable sadness where, through others, we all have been specifically pointed, because « Rock'n'roll is the Party » (Lester Bangs cared about this capital letter), but not obviously the good taste, Heaters, Kamikaze, here we go...